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Lieu de l’événement Yaoundé , Cameroun
Argumentaire
Les langues, les médias et les conflits sont, pour ainsi dire, quasi consubstantiels. Ils vont toujours ensemble, même s’ils ne sont pas toujours également visibles dans toutes les situations où ils interagissent. Certains médias naissent en temps du conflit et meurent lorsque celui-ci est terminé (Friedrich Ebert Stiftung, 1998). Ceux qui se vendent le plus ou qui bénéficient d’une plus grande audience semblent très souvent être ceux qui s’impliquent dans les conflits. Certains médias entretiennent les conflits dans le but d’assurer leur propre survie. Il leur est difficile de garder leur neutralité. Les parties en conflit instrumentalisent les médias. Le refus de s’aligner dans le camp de la partie en conflit qui, généralement, parle la langue dans laquelle ils diffusent leur vaut parfois d’être considérés comme des traitres.
Les médias sont des indicateurs de la vitalité des langues (Zang Zang, 2012, 2019). La régression d’une langue est marquée par sa disparition des médias et sa vitalité par sa présence dans le paysage médiatique. Une langue qui disparaît des médias est par conséquent le signe d’une communauté linguistique inactive, brimée, minorée ou en voie de disparition. Cette disparition peut aussi être l’indice de conflits qui ne disent pas leur nom.
Les médias sont le thermomètre du choc des langues (Bouthillier et Meynaud, 1972), de la guerre des langues (Calvet, 1998), des conflits linguistiques. Cependant, les hommes de médias n’ont pas toujours la bonne information linguistique (théorie linguistique, législation linguistique, lois et règlements linguistiques) et ne mesurent pas toujours leurs enjeux et leur impact dans la pratique de leur profession.
Les conflits linguistiques sont aussi vieux que le monde. Mais, de l’avis de certains spécialistes (Bouthillier et Meynaud, 1972 : 3-9 ; Halaoui, 1995), ceux-ci constituent un domaine négligé. Trois raisons principales peuvent permettre d’expliquer pourquoi un domaine aussi sensible semble délaissé.
La première est que la recherche dans ce domaine nécessite la collaboration entre spécialistes appartenant à des disciplines différentes. La deuxième est que certains acteurs entretiennent une sorte d’obscurantisme volontaire autour de la question linguistique en déniant par exemple aux conflits linguistiques une quelconque existence dans les nations politiquement unies. La troisième est leur capacité de mutation en problèmes anthropologiques, culturels, identitaires, sociaux, économiques, politiques, diplomatiques, etc.
Autant les problèmes linguistiques finissent par développer une dimension non linguistique, autant des problèmes n’ayant aucune origine linguistique, peuvent développer une dimension linguistique. C’est le cas des migrations professionnelles « Labor migration », du déplacement des populations pour cause de guerres, d’épidémies, de catastrophes naturelles.
Les situations linguistiques des pays africains, selon plusieurs auteurs (Chaudenson, 2000 ; Chaudenson, et Rakotomalala, 2004 ; Tabi Manga, 2000, 2003), sont toutes conflictogènes. Les pays présentés comme monolingues ou bilingues sont en fait plurilingues. Une bonne partie de ces pays pratique des politiques linguistiques exoglossiques : ils ont pour langue officielle une ou plusieurs langues étrangères. Quand ce ne sont pas les langues étrangères qui entrent en conflit, celles-ci entretiennent des conflits avec les langues autochtones.
Le présent appel à communication vise ainsi à étudier les liens entre les conflits linguistiques et les conflits politiques. Il s’inscrit résolument dans l’optique de la recherche interdisciplinaire, et s’oriente les axes suivants, sans prétention à l’exhaustivité :
- Dimension linguistique des conflits non linguistiques et dimension non linguistique des conflits linguistiques,
- Collaboration entre spécialistes disciplinaires : qui doit faire le premier pas ?
- Apports de la linguistique à la prévention/résolution des conflits : politique linguistique ou linguistique politique ?
- Situations linguistiques conflictogènes et politiques linguistiques,
- Médias, guerre des langues et vivre-ensemble,
- Francophonie, Commonwealth of Nations, Ligue arabe et la question de l’impérialisme linguistique,
- Mondialisation, politiques linguistiques et prévention/résolution des conflits ;
- Les conflits linguistiques : une problématique au carrefour de plusieurs disciplines ;
- TIC et Renaissance des langues africaines ;
- Le statut spécial comme solution durable aux conflits linguistiques ;
- Intégration de la législation linguistique dans les cursus universitaires.
Le résumé de chaque proposition d’article de 500 signes (espaces compris) au maximum, rédigé en français ou en anglais, devra comporter les objectifs de l’étude, la problématique, le cadrage théorique et méthodologique, le type de corpus (observables), cinq descripteurs ou mots-clés. En outre, seront précisés : le titre de l’article, le(s) nom(s) et prénom(s), l’affiliation et une brève biographie de(s) auteur(s).
Calendrier
- 30 décembre 2020 : date limite de soumission des résumés d’articles à l’adresse atelierdecritiquey@yahoo.com
- 30 janvier 2021 : communication des propositions d’articles retenues.
- 30 mai 2021 au plus tard : réception des articles complets, préalable à l’invitation aux journées d’étude.
Comité scientifique
- Jean TABI MANGA (Université de Yaoundé I)
- Sammy BEBAN CHUMBOW (Université de Yaoundé I)
- Richard Laurent OMGBA (Université de Yaoundé I)
- Alphonse TONYE (Université de Yaoundé I)
- Christiane Félicité EWANE (Université de Yaoundé I)
- Edmond BILOA (Université de Yaoundé I)
- Mathias-Éric OWONA NGUINI (Université de Yaoundé II)
- Alice Delphine TANG (Université de Yaoundé I)
- Pierre FANDIO (Université de Buea)
- George ECHU (Université de Yaoundé I)
- Paul ZANG ZANG (Université de Yaoundé I)
- Thomas ATENGA (Université de Douala)
- Robert FOTSING MANGOUA (Université de Dschang)
- Patricia BISSA ENAMA (Université de Yaoundé I)
- Gérard Marie NOUMSSI (Université de Yaoundé I)
- Gabriel MBA (Université de Yaoundé I)
- Jean-Jacques Rousseau TANDIA MOUAFO (Université de Dschang)
- Raymond MBASSI ATÉBA (Université de Maroua)
- Ladislas NZESSE (Université de Dschang)
- Joseph Vincent NTUDA EBODE (Université de Yaoundé II)
- Christine ONGUENE ESSONO (Université de Yaoundé I)
- Désiré ATANGANA KOUNA (Université de Yaoundé I)
- Pierre Martial ABOSSOLO (Université de Buea)
- Valentine UBANAKO (Université de Yaoundé I)
- Jean Benoît TSOFACK (Université de Dschang)
- Jean Claude ABADA MEDJO (Université de Maroua)
- Jacques EVOUNA (Université de Maroua)
- Augustin Charles MBIA (Université de Yaoundé II)
- Germain Moïse EBA’A (Université de Yaoundé I)
- Emmanuel Augustin EBONGUE (Université de Buea)
- Elisabeth ABENGA (Université Panafricaine)
- Bienvenu-Alexis BELIBI (Université de Yaoundé I)
- Armand LEKA ESSOMBA (Université de Yaoundé I)
- Adolphe Gustave MESSANGA (Université de Dschang)
- Ramon Abelin FONKOUE (Université de Buea)
Bibliographie indicative
Bouthillier, G. et Meynaud, J., 1972, Le choc des langues au Québec 1760-1970, Québec, Les Presses de l’université du Québec.
Calvet, L.-J., 1974, Linguistique et colonialisme : petit traité de glottophagie, Paris, Payot.
Calvet, L.-J., 1988, Language Wars and Linguistic politics, Oxford, Oxford University Press.
Chaudenson, Robert, 2000, Mondialisation : la langue française a-t-elle encore un avenir ?, Paris, Institut de la Francophonie et Diffusion Didier érudition.
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Zang Zang, P., 2019, « Cohabitation de français et des langues partenaires dans les médias au Cameroun », in Politique linguistique, didactique des langues et panafricanisme. Hommage au Professeur Jean Tabi Manga, Tempere, Atramenta, pp. 29-53.
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