Dialogue, dissémination et organisation

James R. Taylor, le fondateur de l’École de Montréal en communication organisationnelle, une école de pensée mondialement reconnue en sciences de la communication et en études organisationnelles, est décédé le 21 avril dernier à l’âge vénérable de 93 ans. Depuis la publication, en 1988, de son ouvrage intitulé Une organisation n’est qu’un tissu de communications, il n’avait cessé de mettre de l’avant la nécessité de penser les phénomènes organisés à partir d’une perspective résolument communicationnelle, c’est-à-dire d’une perspective centrée sur la manière dont les êtres humains coopèrent pour faire être et fonctionner des ensembles organisés. Alors que la communication dans les organisations était, jusque dans les années 80, essentiellement pensée dans les termes des fonctions qu’on la destine à y remplir, Taylor a proposé ni plus ni moins qu’un changement de paradigme en montrant que la communication est, en fait, constitutive de tout phénomène organisé.

Ce programme de recherche, qui fut rétrospectivement baptisé approche CCO (pour constitution communicationnelle de l’organisation), a depuis inspiré un ensemble de chercheuses et de chercheurs représentant les cinq continents. C’est donc le projet initié par Taylor qui unit cette communauté ; celui de montrer que la communication n’est pas simplement quelque chose qui se passe dans les organisations, mais que l’organisation elle- même est à trouver, en quelque sorte, dans la communication. Nous avons, par le présent appel, l’intention de réunir les sympathisantes et sympathisants francophones de ce mouvement de pensée afin non seulement de rendre hommage à ce chercheur hors normes qu’était James R. Taylor, mais aussi d’explorer les développements futurs de son importante contribution aux études des organisations et aux sciences de la communication. En particulier, nous invitons les participantes et participants à réhabiliter les phénomènes de diffusion, de propagation et de transmission qui ont peut-être été trop négligés par le mouvement CCO, alors même qu’une formulation plus constitutive de ces phénomènes reste encore à être articulée.

Au-delà de ces enjeux théoriques et analytiques nous espérons également que ce colloque sera l’occasion de développer plus avant les conséquences pratiques du tournant paradigmatique opéré par James R. Taylor. Comme on le sait, quand le milieu organisationnel lui-même pense la communication, c’est généralement en termes de transmission d’informations, ce qui est, somme toute, normal et attendu. On ne compte plus, en effet, les « problèmes de communication » qui hantent toute organisation, que l’on parle d’entreprises, d’ONG ou d’administrations gouvernementales. En rejetant le paradigme de la transmission, qui prévalait dans les sciences organisationnelles jusque dans les années 80, le mouvement CCO a certes pu innover en montrant tout ce qu’une perspective communicationnelle pouvait apporter à notre compréhension des phénomènes organisés, mais le transfert et la traduction (un terme cher à Taylor !) de ces acquis substantiels reste encore largement à ménager auprès des praticiennes et des praticiens.

Si vous désirez présenter une communication lors de ce colloque, veuillez soumettre un titre et un résumé de 250 mots (références non comprises) à Frédéric Dion (frederic.dion.2@umontreal.ca) d’ici le 31 janvier 2023 à minuit (heure de Montréal). Veuillez également indiquer tout co-auteur ou toute co-autrice en précisant son adresse courriel et son institution d’attache. Enfin, précisez si vous comptez présenter votre communication en ligne ou en présentiel.

Les décisions seront communiquées au plus tard le 28 février 2023.