Écrire l’histoire du cirque

Corps, Crise, Risque, Rire (C2R2hCirque)

Réponse attendue pour le 21/05/2021

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

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Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement Site Saint-Charles 2 (UPVM3), 10 rue du Professeur Henri Serre , Montpellier 34, France

Dans son ouvrage : Le Cirque entre l’élan et la chute, une esthétique du risque, Philippe Goudard posait cette question : « l’histoire du cirque existe-t-elle ? » (2010). La recherche scientifique en cirque avait été initiée d’un point de vue biomédical (Goudard, 1989, Goudard & Barrault, 2020). Depuis 1995, au sein du RiRRa21, elle s’est diversifiée dans une perspective esthétique pluridisciplinaire (Goudard, Vienne-Guerrin, 2020) qui se poursuit dans son nouveau programme « Corps, textes, images, sons et objets en jeu ».

La variété des sources, récits, fonds d’archives, collections privées et/ou publiques… sur laquelle s’appuie l’écriture de l’histoire du cirque aujourd’hui est plurielle : Fonds cirque (CollEx) BU Ramon Llull (UPVM3), Fonds Vesque (MUCEM), fonds en ligne : CircopediaLes Arts du cirque, l’encyclopédie (CNAC/BnF, 2019), collections (A. Frère, P. Jacob)…. Elle permet des explorations multiples tant pour les chercheur·se·s que pour les artistes et témoigne de l’intérêt scientifique d’une démarche réflexive sur ces historiographies.

Depuis les travaux pionniers de Paul Bouissac (2021), ceux d’historien·ne·s sont significatifs de la vitalité des approches historiographiques du cirque en France : sur le paysage sonore et les images du cirque romain (Nelis-Clément, Roddaz, 2008), le jongleur dans les manuscrits enluminés médiévaux (Clouzot, 2011), la naissance du cirque moderne autour du corps équestre (Hodak, 2018), les corps « étranges » (Coutelet, 2014) : de Joseph Kabris (Granger, 2020), Sarah Baartman (Blanckaert, 2013), Rafael (Noiriel, 2017), le savoir-faire du costume de clown (Perault, 2015), la Compagnie Alexis Gruss (Petiteau, 2018) ou le nouveau cirque (Maleval, 2010) et l’écoformation Fratellini (Bezille, Froissart, Legendre, 2019).

La multiplication des publications en histoire des arts du cirque à l’échelle internationale, notamment anglophone (Stoddart, 2000 ; Tait, 2005 ; Arrighi, 2014 ; Holmes, 2016 ; Nishra P R, 2020) invite les historien·ne·s du cirque à se réunir pour permettre aux doctorant·e·s, jeunes chercheur·se·s et circassien·ne·s de se rencontrer autour de leurs travaux et envisager les perspectives de la recherche dans le domaine.

Dans le cadre du nouveau programme scientifique de recherche « Corps, textes, images, sons et objets en jeu » (RiRRa21/UPVM3), un constat s’impose : l’histoire du cirque est une histoire du corps. De Georges Strehly (1903) à Alain Frère, les passionné·e·s, les amateur·trice·s éclairé·e·s, les collectionneur·se·s, les essayistes ont écrit une histoire du cirque qui est histoire du « corps célébré » (Hamel, Thareau, 2020) :

« Les yeux, la bouche, les mains, les cuisses, les seins, les fesses. Et le ventre aussi. Le corps est sans nul doute le plus puissant artifice que le cirque a modelé. Chair de piste. Les yeux, la bouche, les jambes, la crinière, le poitrail, la croupe. Et le ventre encore. Le corps équestre, dans toute sa puissance, est sans nul doute le plus formidable ressort dramatique que le cirque a façonné. » (Jacob, 2017)

Dans quelle mesure l’écriture de l’histoire du corps de cirque (techniques, esthétiques, sensibilités, imaginaires, représentations…) pourrait-elle articuler les historiographies d’un « art composite » (Goudard) : histoire culturelle des techniques, des agrès et de l’éducation physique, histoire du théâtre et du spectacle vivant, anthropologie-historique de l’esthétique des pratiques corporelles, micro-histoire, récit de vie, histoire connectée… Quels repères méthodologiques et épistémologiques suggèrent l’écriture de l’histoire du cirque ? Quelle réflexion autour de l’archive engage t’-elle ? Comment les artistes de cirque s’en emparent-iels pour tenter d’écrire leur propre histoire expérientielle ?

Le corps de l’artiste de cirque est un « laboratoire du vivant » (Goudard, 2010). L’histoire de son expertise corporelle (Héas, 2014), de son engagement physique et cognitif, « constitue dans notre culture une maquette anthropologique qui révèle les savoirs implicites, les enjeux idéologiques et les pratiques attachées à l’émotion. Son analyse permet de mettre en évidence la permanence d’attitudes anciennes, une crise culturelle profonde, mais aussi une capacité d’invention pour proposer de nouvelles perspectives. » (Pradier, 1990).

L’« écocirque » et les animaux holographiques sont par exemple un pic émergeant de la crise du vivant dans ses composantes multifactorielles (Régnier, Héas, 2019 ; Dray, Porcher, 2020) qui tendrait vers un cirque désincarné. Or, si « le cirque, c’est le risque de la chair » (Pierron, 2003), nous proposons que « le risque » (Goudard, 2010, Wallon, 2002) dans l’écriture de l’histoire des artistes du cirque soit étudié comme réponse esthétique aux périodes de crise qu’il traverse. Le risque met en crise les équilibres physiques, économiques et culturels de l’artiste, tandis que la dimension apotropaïque du rire du clown ouvre au monde et relance la vie. La crise n’a pas le dernier mot (Le Breton, 2018).

Une attention particulière sera portée aux contributions qui apportent un éclairage inédit sur la manière dont les écritures de l’histoire du corps de l’artiste de cirque (animal/humain) se construisent autour des thèmes suivants :

L’écriture de l’histoire des pratiques des fonds d’archives et collections de cirque, privées/publiques, leur conservation, accessibilité, valorisation ; la considération des archives vivantes (Bénichou, 2020) ; la sauvegarde des patrimoines culturels immatériels circassiens ;

L’écriture de l’histoire des nomadismes circassiens (artistes, arts, fêtes…) entre différentes régions du monde (Turquie, Inde, Japon…), institutions (cabaret, music-hall…) voire entre disciplines (transferts de compétence…) ;

L’histoire du corps de l’artiste de cirque devenu objet scientifique ou pseudo-scientifique (croyances savantes, croyances naïves) ; des biais cognitifs et de l’ethnocentrisme nominal inhérent à sa marginalité corporelle identitaire (phénotype, genre, handicap, tatouage, modifications corporelles, relations inter-espèces…) ;

L’écriture de l’histoire de l’entraînement, de l’entretien et/ou de l’éducation physique, les effets de l’exercice du corps, l’hygiène et la santé des artistes de « haut-niveau », les acteurs et actrices des courants, méthodes et relations pédagogiques nouvelles.

Une attention particulière pourra être portée à l’histoire de « la perception de l’histoire » par les artistes eux-mêmes. En effet, suivant les observations de Vincent Berhault (Maison des jonglages), « de nombreux artistes envisagent l’histoire du cirque comme un processus dynamique qui leur permet de s’appuyer sur un passé de référence et de construire un avenir lui aussi situé ». Comment l’écriture de l’histoire du corps des arts du cirque devient-elle nécessaire à la pratique de la création ? Les propositions de communication tiendront compte ainsi de l’histoire de « l’intelligence du corps » des artistes de cirque (animal/humain), des savoirs tacites manifestés dans leurs pratiques performatives et/ou spectaculaires (Pradier, 2000 ; Andrieu & al. 2022), de leurs processus d’adaptation, d’action, de création.

Pistes bibliographiques

Andrieu B., Bender R., Collard J., Dietrich G., Fasoli G., Thomas C. 2022. « Théorie du corps lors de l’émersion de ses sensations internes : les dessins de conscience au Centre national des arts du cirque », L’Évolution psychiatrique, n° 87 (1) : https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2020.09.003 SMASH.

Arrighi G. 2014. “Towards a cultural history of community circus in Australia”, Australasian Drama Studies, n°64 : 199-222.

Bénichou A. 2020. Rejouer le vivant — les reenactments, des pratiques culturelles et artistiques (in) actuelles, les Presses du réel.

Bezille H., Froissart T., Legendre F. 2019. Qu’apprendre de la formation des artistes de cirque ? L’expérience Fratellini, L’Harmattan.

Blanckaert C. (coord.) 2013. La Vénus hottentote entre Barnum et Muséum, Muséum.

Bouissac P. 2021. The End of the Circus, Bloomsbury Academic.

Clouzot M. 2011. Le Jongleur. Mémoire de l’Image au Moyen Âge. Peter Lang.

Coutelet N. 2014. Étranges artistes sur la scène des Folies-Bergères. PUV.

Dray C. & Porcher J. 2020. « Le travail des animaux au cirque : Un problème d’exploitation ou de mise en scène ? », Le cirque dans l’univers, n° 278 : 24-27.

Goudard P. & Vienne-Guerrin N. (dir.) 2020. Figures du clown, PULM.

Goudard P. & Barrault D. (dir.) 2020. Médecine et Cirque, Sauramps Médical.

Goudard P. 2010. Le Cirque entre l’élan et la chute, une esthétique du risque, Espaces 34.

Goudard P. 1989. Bilan et perspectives de l’apport médical dans l’apprentissage et la pratique des arts du cirque en France, Thèse de doctorat en médecine sous la direction de Michel Boura, Université de Nancy I Faculté de médecine.

Granger C. 2020. Joseph Kabris ou les possibilités d’une vie 1780-1822, Anamosa.

Hamel C. & Thareau L. 2020. Le Cirque enchanté du Dr. Alain Frère, Gilletta.

Héas S. 2014. « Les experts corporels : entre hériter, transmettre et innover », Épistémé, n° 12 : 225-246.

Hodak C. 2018. Du Théâtre équestre au cirque, Belin.

Holmes K. 2016. « Arial stars : femininity, celebrity & glamour in the representations of female aerialists in the UK & USA in the 1920s and early 1930s », UE.

Jacob P. 2017 (2007). « Cirque. Des corps de cirque », dans M. Marzano (dir.), Dictionnaire du corps, PUF : 201-205.

Le Breton D. 2018. Rire. Une anthropologie du rieur, Métailié.

Maleval M. 2010. L’Émergence du nouveau cirque 1968-1998. L’Harmattan.

Nelis-Clément J. 2008. « Le cirque et son paysage sonore », dans J. Nelis-Clément & J.-M. Roddaz (dir.), Le cirque romain et son image, Ausonius : 431-457.

Nishra PR. 2020. Jumbos and Jumping Devils : A Social History of Indian Circus, Oxford Scholarship.

Noiriel G. 2017. Chocolat : la véritable histoire d’un homme sans nom, Pluriel.

Perault S. 2015. Le costume du clown blanc : Gérard Vicaire la passion pour seul habit, Chapitre douze.

Petiteau N. 2018. Histoire de la compagnie Alexis Gruss, Print Team.

Pradier J. — M. 2000 (1997). La Scène et la fabrique des corps. Ethnoscénologie du spectacle vivant en Occident (Ve siècle av. J. – C.-XVIIIe siècle), PUB.

Pradier J. — M. 1990. « Le Théâtre des émotions », Évolutions psychomotrices, n° 7 : 18-28.

Régnier P. & Héas S. 2020. « Prolégomènes à une analyse des points de vue antispécistes et véganes », L’Homme et la Société, n° 211.

Stoddart H. 2000. Rings of Desire : Circus History and Representation, MUP.

Strehly G. 1903. L’Acrobatie et les acrobates, Delagrave.

Sun S. 2017. « Trapèze, existence-ciel », dans G. Freixe (dir.), Le Corps, ses dimensions cachées. Deuxième époque : 81-87.

Tait P. 2005. Circus Bodies : Cultural Identity in Aerial Performance, Routledge.

Wallon E. 2013 (2002). Le Cirque au risque de l’art, Actes Sud-papiers.

Modalités de participation

Votre proposition de communication est à envoyer avant le 21 mai 2021.

Pour les universitaires : sous forme de résumé analytique, elle sera constituée d’un titre, une problématique, des sources, des repères méthodologiques/épistémologiques, des résultats, de cinq mots clés et des principales références bibliographiques. Elle sera accompagnée de votre notice bio-biblio. renseignant sur votre affiliation institutionnelle (université, unité de recherche, compagnie…), vos fonctions et votre activité scientifique et éventuellement artistique.

Pour les artistes : un résumé de la communication, une biographie courte et éventuellement vos besoins techniques pour des formes performatives.

  • Vos propositions de communication sont à envoyer aux deux adresses : pierre.philippe-meden@univ-montp3.fr et karel.vanhaesebrouck@ulb.be.
  • Les communications orales seront d’une durée de 20 minutes de présentation suivies de 10 minutes d’échange.
  • Frais d’inscriptions : l’inscription au colloque pour les contributeur·trice·s est de 30 €.
  • Les transports et logements sont à la charge des contributeur·trice·s. L’inscription est gratuite pour le public.
  • Les déjeuners des contributeur·trice·s sont pris en charge par l’organisation.

Comité d’organisation

Arianna Bérénice De Sanctis (Dr. Ens.-contract. UPVM3/RiRRa21)
Charlène Dray (Dr. ATER UPVM3/RiRRa21)
Charles Jacquelin (Doctorant UPVM3/RiRRa21)
Philippe Goudard (PU UPVM3/RiRRa21)
Pierre Philippe-Meden (MCF UPVM3/RiRRa21)
Gaëtan Rivière (Doctorant UAvignon/LCC)
Franziska Trapp (Post-doc. ULB/CiASp/FNRS, WWU Muenster, FU Berlin)
Karel Vanhaesebrouck (PU ULB/CiASp)
Paul Warnery (Doctorant UPVM3/RiRRa21)
Nele Wynants (Post-doc. ULB/CiASp/FNRS)

Comité scientifique et artistique

Bernard Andrieu (PU UParis/I3SP)
Annick Asso (PRAG UPVM3/RiRRa21)
Arianna Bérénice De Sanctis (Dr. Ens.-contract. UPVM3/RiRRa21)
Vincent Berhault (Dir. Maison des Jonglages)
Guillaume Boulangé (MCF-HDR UPVM3/RiRRa21)
Charlène Dray (ATER Dr. UPVM3/RiRRa21, Cie Horsystemes)
Sylvain Ferez (MCF-HDR UM/Santésih)
Valérie Fratellini (Dir.-adjointe et dir. pédagogique Académie Fratellini)
Tony Froissart (PU URCA/Cérep)
Elisabeth Gavalda (Dr. UPVM3/RiRRa21)
Philippe Goudard (PU UPVM3/RiRRa21)
Marion Guyez (MCF UGrenoble-Alpes/Litt&Arts, Cie D’Elles)
Stéphane Héas (MCF-HDR UR2/VIPS2)
Jean-Marc Lemonnier (MCF-HDR UCaen/HisTeMé)
Philippe Liotard (MCF-HDR UCBL1/L-VIS)
Alix de Morant (MCF UPVM3/RiRRa21)
Eric Perera (MCF-HDR UM/Santésih)
Natalie Petiteau (PU UAvignon/LCC)
Pierre Philippe-Meden (MCF UPVM3/RiRRa21)
Karine Saroh (Dr. Ésacto’Lido)
Stéphane Simonin (Dir. Académie Fratellini)
Magali Sizorn (MCF URouen/Cetaps)
Gabriele Sofia (MCF-HDR UGrenoble-Alpes/Litt&Arts)
Franziska Trapp (Post-doc. ULB/CiASp/FNRS, WWU Muenster, FU Berlin)
Cyril Thomas (Dr. CNAC/Chaire ICiMa)
Karel Vanhaesebrouck (PU ULB/CiASp)
Nele Wynants (Post-doc. ULB/CiASp/FNRS)

Partenaires

Université Paul-Valéry Montpellier 3 (UPVM3/RiRRa21)
Bibliothèque universitaire Ramon Llull – Fonds arts du cirque (CollEx)
Université Libre de Bruxelles (ULB/CiASP)
Université de Montpellier (UM/Santésih)
Académie Fratellini — Saint-Denis
Centre national des arts du cirque (CNAC) — Châlons-en-Champagne
Chaire d’innovation Cirque et Marionnette (ICiMa)
Ésacto’Lido École supérieure des arts du cirque — Toulouse
Maison des Jonglages – La Courneuve
Collectif des chercheurs en cirque (CCCirque)

Lieu

Site Saint-Charles 2 (UPVM3). 10 rue du Professeur Henri Serre, 34 090, Montpellier

Mots-clés