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Lieu de l’événement Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1 - Salle des colloques 1, Rue du Professeur Henri Serre , Montpellier 34, France
Argumentaire
La doxa se situe entre science et ignorance (Platon, 1966, p.235). Elle permet de saisir les apparences du monde qui entoure l’interprétant, sans forcément atteindre la vérité. Aristote (1987, p.155) attribue un statut raisonnable à ce concept par une opposition entre science et opinion. Mais, contrairement à la science, l’opinion est une manière de penser ou un jugement, personnel ou collectif, que l’on porte sur une question, sur un sujet ou un ensemble de sujets. Une opinion dénote une orientation particulière qui n’est pas forcément juste. Elle se construit sur des représentations interprétables selon les expériences d’un individu ou d’une communauté socioculturelle. Il peut s’agir de textes, de bruits, de sons, de slogans, d’images, de couleurs, de corps, etc. Ces éléments du monde ne sont pas tout à fait autonomes et indépendants les uns des autres (Bardin, 1975), et transmettent souvent des messages hétérogènes par le biais de corpus multimodaux (Barthes, 1965). Ceux-ci sont interprétés en se référant à des notions socioculturelles, tels que les stéréotypes partagés par des membres d’une communauté (Allen, 1965).
L’opinion constitue ainsi un élément essentiel dans la composition d’un filtre cognitif individuel ou collectif permettant de percevoir la réalité et d’interpréter le monde. Lorsqu’il est partagé, ce filtre représente un facteur d’authentification et un ciment culturel (au sein d’une communauté, grâce à son caractère consensuel (Boyer, 2003).
Dans cette optique, le discours médiatique met en avant des interprétations de faits répondant à la fois aux attentes d’une audience cible déterminée souvent par des sondages, et à celles d’une ligne éditoriale dictée à des fins de promotions. C’est pourquoi les médias sont une véritable caisse de résonance et l’un des artisans de la doxa (Mayaffre, 2005). Dans la même veine, le politique fait usage de propagande en temps de guerre et de paix pour mobiliser les troupes, manipuler les foules et gagner les esprits à l’approche des élections. Le discours politique est parsemé de figements linguistiques faisant référence à des valeurs communes dans l’espace et dans le temps, activant le pathos de l’audience et/ou provoquant la colère contre un ennemi commun. Quant au discours filmique, il est produit dans un univers de personnages, de choses et de situations agencées par le réalisateur en fonction d’une certaine signification (Goldmann, 1971).
Aujourd’hui, plus que jamais, nous assistons à l’émergence d’un nouveau type de discours, le numérique. Les réseaux sociaux et l’univers numérique sont devenus le nouveau bassin de façonnement et d’influence de l’opinion. Sur nos écrans, nous sommes constamment submergés par l’information, du contenu qui présente de plus en plus le risque d’être “fabriqué”, voire “mensonger” (fake news).
Ces univers, parmi tant d’autres, véhiculent différentes lectures des objets du monde, souvent orientées par des acteurs disposant d’une autorité énonciative et/ou d’un charisme les plaçant au centre d’un univers de symboles.
Cet événement invite les chercheur.euses à partager des travaux interdisciplinaires, afin de déterminer les ingrédients, les outils, les acteurs et les facteurs contribuant de près ou de loin à façonner l’opinion, ainsi que les contextes favorisant cette pratique sociale multimodale.
Axes de recherche indicatifs
- Le discours politico-médiatique et la doxa ;
- Le web et l’audience participative ;
- L’ère post-vérité et l’émotion collective ;
- Les unités lexicales dans le discours : entre expression et contenu ;
- Le rôle des réseaux sociaux dans la fabrique de l’opinion “digitale”. Quels futurs enjeux géopolitiques ?
- Manipulation de l’opinion publique ;
- L’opinion dans l’espace public ;
- Le cinéma, outil de propagande : entre images de guerre et guerres d’images ;
- Usage de la propagande en temps de guerre et de paix ;
- La censure au cinéma et le pouvoir de l’image. Quid de la morale puritaine ?
- Les limites des représentations : sexe et tabous.
Modalités pratiques d’envoi de propositions
Les propositions de communications en français seront à envoyer avant le 15 avril 2021, à l’adresse : colloques.doc.upv@gmail.com . Elles seront rédigées sous forme d’un document Word au format docx et accompagnées d’un résumé de 250 à 300 mots, de 5 à 10 mots-clés, d’une notice biographique de 50 à 100 mots et d’une bibliographie. Le retour des expertises sera communiqué avant fin avril.
Le colloque se tiendra du 23 au 25 juin 2021.
Comité d’organisation
- Raja TAWIL ( Doctorant en études cinématographiques et audiovisuelles, RIRRA21)
- Sabina NASSER (Doctorante en études cinématographiques et audiovisuelles, RIRRA21)
Comité scientifique
- Yacine BOULAGHMEN (Doctorant en Etudes arabes, ReSO)
- Nina FICHES (Doctorante en littérature comparée, CRISES)
- Sara REGRAGUI (Doctorante en études chinoises, ReSO)
- Guyma Jules VITAL (Doctorant en Sociologie, LERSEM)
Bibliographie
ALLEN, V. L. (1965). “Situational factors in conformity”, in L. Berkowitz (ed.), Advances in experimental social psychology, vol.2, New York, Academic Press.
ARISTOTE. (1987). Organon IV. Paris : Vrin.
BARDIN, L. (1975), « Le texte et l’image », Communication et langages, vol.26, n° : 1, 98-112.
BARTHES, R. (1965). « Rhétorique de l’image », Communications, n° :4, pp.40-51. URL : https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1964_num_4_1_1027
BOURDIEU, P. (1996) Sur la télévision, suivi de L’emprise du journalisme, Paris : Liber.
BOYER, H. (2003). De l’autre côté du discours. Recherches sur le fonctionnement des représentations communautaires, Paris : L’Harmattan.
GOLDMANN, A. (1971). Cinéma et société moderne. Paris : Anthropos, Coll.Sociologie et connaissance.
MAYAFFRE, D. (2005), « De la lexicométrie à la logométrie ». Astrolabe, 2005, pp.1-11. URL :https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00551921/document
PLATON. (1966). La République. Paris : GF-Flammarion.