- Du au
Lieu de l’événement Université Paul-Valéry Montpellier 3, Montpellier 34, France
Parmi les objets de prédilection des études académiques sur la réflexivité au cinéma et, en particulier, le « métafilm », on trouve généralement des œuvres dépeignant le tournage d’un film ou se déroulant plus largement au sein de l’industrie cinématographique. Viennent en tête des œuvres emblématiques du « classicisme » hollywoodien, comme les A Star Is Born (William A. Wellman, 1937 ; George Cukor, 1954), Sunset Boulevard (Billy Wilder, 1950), Singin’ in the Rain (Gene Kelly & Stanley Donen, 1952), The Bad and the Beautiful (Vincente Minnelli, 1952), ou de la « modernité » européenne, comme Le Mépris (Jean-Luc Godard, 1963), 8½ (Federico Fellini, 1963), La Nuit américaine (François Truffaut, 1973).
Tous ces films, et bien d’autres, sont centrés sur le processus de création cinématographique et peuplés principalement de réalisateurs, de producteurs, de scénaristes et de stars. Cette focalisation sur la production, même si elle permet quelques séquences dans lesquelles les créateur∙ice∙s deviennent spectateur∙ice∙s de leurs films, tend à maintenir à la marge un acteur essentiel de la mise en signification des films et de leur succès : le public. Rares sont en effet les études sur la réflexivité et la métafiction à se pencher spécifiquement sur les personnages de spectateur∙ice∙s et sur la manière dont l’expérience spectatorielle est représentée à l’écran, si l’on excepte les analyses revenant régulièrement sur des « incontournables » tels que, sur un mode implicite, Rear Window (Alfred Hitchcock, 1954) ou, sur un mode explicite, The Purple Rose of Cairo (Woody Allen, 1985).
Cette journée d’étude se donne un double objectif. D’une part, déplacer l’attention de la production à la réception, en se tournant vers les représentations explicites des spectateur∙ice∙s et de leurs expériences et pratiques spectatorielles pendant et au-delà du moment du visionnage. Il s’agira d’étudier la manière dont les fictions audiovisuelles représentent le ou leur public, que celui-ci soit dépeint comme une masse homogène, ou comme un ensemble hétérogène de sujets socialement situés, aux trajectoires individuelles diverses. Nous souhaitons ainsi interroger les propriétés formelles de ces représentations et en cartographier les implications sociales et politiques. De même, il serait intéressant de voir comment les œuvres entrent, par le biais de ces représentations, en résonance avec les théories de la réception aux sens large (Eco, Jauss, Staiger, etc.).
D’autre part, cette exploration des représentations de « personnages-spectateurs » ne se bornera pas au cinéma, mais s’intéressera plus largement à toutes les fictions audiovisuelles, notamment les séries, encore trop peu explorées sous cet angle alors qu’elles regorgent de tels personnages – mentionnons par exemple, dans des registres différents, The Simpsons (1989 – …), Twin Peaks (1990-1991), Dream On (1990-1996), Dawson’s Creek (1998- 2003) ou Dear White People (2017-2021) –, ou encore les clips – comme Thriller de Michael Jackson (John Landis, 1983), Money for Nothing de Dire Straits (Steve Barron, 1985) ou Baby Did a Bad Bad Thing de Chris Isaak (Herb Ritts, 1999).
Si l’on trouve des « personnages-spectateurs » dès les premiers temps du cinéma, par exemple dans Uncle Josh at the Moving Picture Show (Edwin S. Porter, 1902), cette journée d’étude se focalisera sur la période allant des années 1980 à aujourd’hui, afin d’explorer les métamorphoses de cette figure dans les fictions audiovisuelles durant ces décennies caractérisées entre autres par une intensification des phénomènes de réflexivité et un recours accru au « méta ». On s’intéressera aux représentations directes des publics et expériences spectatorielles, en privilégiant les approches esthétiques et culturelles en lien avec les enjeux éthiques, politiques et sociaux de ces représentations de la réception.
Les communications pourront porter par exemple sur :
- Un ou plusieurs personnage(s)-spectateur(s) d’une œuvre fictionnelle spécifique (film, série, clip, etc.)
- Les dispositifs et enjeux esthétiques par lesquels l’expérience spectatorielle est représentée à l’écran.
- Les représentations de l’expérience et des pratiques sociales et culturelles spectatorielles pendant et au-delà du moment du
- Les résonances de ces représentations spectatorielles avec les théories de la réception (Fiske, Staiger, Hanich, etc.)
- La manière dont les publics de genres spécifiques (horreur, comédie, action, etc.) sont représentés dans une forme de singularité.
- Les représentations des publics en fonction de leur appartenance à différents groupes sociaux (genre, classe, race, âge, etc.).
- Une comparaison entre publics représentés et publics réels d’une œuvre, d’un genre ou d’un média.
- Les représentations de différents types de publics, notamment en fonction de leur rapport à l’expertise (spectateur∙ice∙s ordinaires, cinéphiles, fans, critiques, ).
- L’évolution des représentations des spectateur∙ice∙s des fictions audio-visuelles contemporaines au cours de la période étudiée (1980-2021) et leurs enjeux éthiques, sociaux et
Comité d’organisation
- Julien Achemchame (RIRRA21)
- Chloé Delaporte (RIRRA21)
- Jules Sandeau (RIRRA21)
Modalités de soumission
Les propositions de communication (résumé de 300 mots environ, accompagné d’un titre et d’une notice biographique) devront être envoyées au format PDF conjointement à julien.achemchame@univ-montp3.fr, chloe.delaporte@univ-montp3.fr, et sandeau.jules@gmail.com avant le 30 septembre 2021.
Les réponses seront envoyées mi-octobre 2021.