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Lieu de l’événement En présentiel et par visioconférence, Lomé , Togo
Argumentaire
La gouvernance sociale et politique en Afrique avant l’ère de la colonisation était bâtie sur un modèle d’hiérarchisation des classes au sein des empires ou royaumes administrés par des suzerains ou rois. Ceux-ci étaient dotés d’un pouvoir royal matérialisé à travers certains attributs qui les identifiaient. Aussi bien chez les Ashantis du Ghana, les Baoulés de la Côte d’Ivoire, les Ewé du Togo, les Mossi du Burkina Faso ou les Yoruba du Nigeria, etc., des mythes gravitent autour des éléments de symbolisation du pouvoir royal. Il importe à l’Africain d’aujourd’hui de comprendre et de revaloriser ces mythes pour son propre positionnement sur l’échiquier mondial, car comme l’écrit Gilbert Durand (2012, p.6) : « Contrairement à ce qu’enseigne toute pédagogie, au moins bicentenaire, il n’y a pas de coupure entre les scenarii significatifs des antiques mythologies et l’agencement moderne des récits culturels : littérature, beaux-arts, idéologies et histoires ».
À cet effet, des rois africains, à l’exemple du roi Béhanzin, Samori Touré, Shaka Zulu, Mansa Kankan Moussa, Soundiata Kéita, pour ne citer que ceux-là, ont toujours leurs ombres qui planent sur le continent africain et leurs noms recèlent un charisme énigmatique au-delà de leurs personnalités, un charisme que leur revêtait le trône, couronne symbolique qui a auréolé leurs règnes. C’étaient des rois puissants, déifiés, mythifiés. Et le mythe dans ce contexte prend le sens d’une image simplifiée, souvent illusoire que des groupes humains élaborent et acceptent au sujet d’un individu ou d’un fait qui joue un rôle déterminant dans leur comportement ou dans leur appréciation. Aussi Georges Balandier, dans son ouvrage Anthropologie politique (2013) écrit-il : « La sacralité du pouvoir s’affirme aussi dans le rapport qui unit le sujet au souverain : une vénération ou une soumission totale que la raison ne justifie pas, une crainte de la désobéissance qui a le caractère d’une transgression sacrilège. »
Si la colonisation, puis l’ère postcoloniale ont démythifié ces rois et leur pouvoir avec la modernisation des sociétés africaines, comme le stipule Claude-Hélène Perrot : « Au lendemain des indépendances, les nouvelles élites africaines voyaient dans les rois et les chefs les reliques d’un passé, passé qu’il leur appartenait d’abolir » (2009, 15), la survivance symbolique de ce pouvoir subsiste à travers un patrimoine matériel ou immatériel.
Dans cette perspective, littératures, sciences humaines, arts, religion et culture paraissent des sources capables de véhiculer les fondements mythiques et mystiques autour de ces rois, autour de leur pouvoir. Ainsi, ces sources matérielles ou immatérielles participent à la transmission des connaissances endogènes au cœur de nos cultures en berne.
De ce fait, « Mythes et symbolisations du pouvoir royal dans les sociétés africaines, en littératures, arts et sciences humaines », se veut un thème à partir duquel il convient, d’une part, de revisiter les pratiques, les savoirs et les valeurs du passé, et d’autre part, de repenser le positionnement de nos sociétés en matière de fonctionnement des mythes et la relecture de ces mythes à travers les œuvres de création, pour comprendre les mécanismes de transmission et de gestion des pouvoirs politiques dans les sociétés traditionnelles africaines.
Par ailleurs, l’exercice du pouvoir royal dans les sociétés africaines de nos jours, qu’elles soient traditionnelles ou non, regorge de symboles, d’analogies inhérentes à celui d’hier. Qu’est-ce qui fonde la perception mythique des rois par leurs Sujets ? Comment sont-ils perçus et représentés ? Les attributs des pouvoirs des rois ou chefs traditionnels au XXIe siècle conservent-ils des éléments de symbolisation du pouvoir traditionnel d’antan ? Les rapports entre administrateurs administrés ont-ils évolué en comparaison à ceux du passé ? Ces questions parmi tant d’autres qui nourrissent la problématique du sujet doivent conduire les contributeurs à une réflexion sur une conservation nécessaire des atouts significatifs des mythes et symboles du pouvoir royal. Repenser leur relecture pour une adhésion populaire autour des valeurs qu’ils portent, est un angle de suggestion digne d’être exploré.
Ainsi, ce colloque se veut une occasion de réflexion sur les traditions orales, en l’occurrence sur le pouvoir royal, les mythes qui l’entourent, les symboles et les analogies qui le métaphorisent, le mythifient.
Les communications attendues pourront s’inscrire dans les axes suivants :
- Symbolisation du pouvoir royal dans les sociétés traditionnelles africaines ;
- Pouvoir royal et sacralité ;
- Pratiques, savoirs et valeurs mythiques ou mystiques du pouvoir royal ;
- Pouvoir royal et gouvernance dans les sociétés africaines ;
- Perception, conception et représentation du pouvoir royal dans les sociétés traditionnelles et modernes
Propositions de communication des Participants
- À soumettre au mail fuafenligne@gmail.com (Times new roman12, interligne 1,5) :
- Nom et prénom du communicateur, institution d’attache, pays ; Titre de la proposition (Times new roman12, gras centré) ;
- Axe dans lequel s’inscrit la proposition ;
- Résumé de la proposition en 250 à 300 mots au plus ; Brève notice biographique du participant.
Comité Scientifique
- Professeur Kodjona KADANGA, Université de Lomé (Togo),
- Professeur ETOU Komla, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Adama COULIBALY, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)
- Professeur Sélom GBANOU, Université de Calgary (Canada)
- Professeur Pascal Okri TOSSOU, Université d’Abomey-Calavi (Bénin),
- Professeur Arthur MUKENGE, Université Rhodes (Afrique du Sud)
- Professeur Komlan ESSIZEWA, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Dossou Martin GBENOUGA, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Mlinpé GANGUE, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Ataféi PEWISSI, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Dotsé YIGBE, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Alain-Joseph SISSAO, Institut Supérieur des Sciences des Sociétés du CNRST à Ouagadougou (Burkina Faso)
- Professeur Clément Dili PALAÏ, Université de Maroua (Cameroun)
- Professeur Bachir BOUBA, Université de Maroua (Cameroun)
- Professeur Kodjo AFAGLA, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Essodina PERE-KEWEZIMA, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Mahamadou Lamine OUEDRAOGO, Université Norbert Zongo (Burkina Faso)
- Professeur Laré KANTCHOA, Université de Kara (Togo)
- Professeur Mimboabe BAKPA (Maître de Conférences), Université de Kara (Togo)
- Professeur Boubacar Daouda DIALLO (Maître de Conférences), Université Abdou Moumouni (Niger)
Comité d’organisation
- Professeur Koutchoukalo TCHASSIM, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Didier AMELA, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Ernest BASSANE, Maître de Conférences, Université de Koudougou (Burkina Faso)
- Professeur Ouédraogo ADAMA, Maître de Conférences, Université de Koudougou (Burkina Faso)
- Professeur Paméssou WALLA, Maître de Conférences, Université de Lomé (Togo)
- Professeur Damlègue LARE, Maître de Conférences, Université de Lomé (Togo)
- Dr Ayélé D’ALMEIDA, Maître-Assistant, Université de Lomé (Togo)
- Dr Koffi Dodzi NOUVLO, Maître-Assistant, Université de Lomé (Togo)
- Dr Aïssatou ABDOULAHI, Chargée de cours, Université de Maroua (Cameroun)
- Dr Kpatimbi TYR, Assistant, Université de Lomé (Togo)
- Dr Téwia GNININVI, Université de Lomé (Togo)
- Dr Messan GOLI, Assistant, Université de Lomé (Togo)
- Dr Kossi DOUHADJI, Université de Lomé (Togo)
Calendrier
- Soumission des propositions de résumé de communication jusqu’au 31 janvier 2023
- Évaluation des propositions : 1er février au 14 mars 2023
- Notification aux auteurs : 15 mars 2023
- Envoi des articles rédigés, du 16 mars au 14 avril 2023
- Envoi des articles rédigés, du 16 mars au 14 avril 2023
- Programme provisoire : 15 avril 2023
- Dates du colloque : 26, 27 et 28 avril 2023
Langues de communication : Français/Anglais
Les communications se feront en présentiel et par visioconférence
NB : Frais d’inscription des intervenants : 30.000 FCFA, soit 46 Euros, à payer sur place.
Les frais du billet d’avion et de l’hébergement sont à la charge du participant. Les meilleurs textes seront publiés dans un bref délai.
Bibliographie indicative
- Médard, Henri (2003). “La légitimité au-delà des échecs. La force du mythe d’un roi nourricier et protecteur au Buganda (Ouganda)”, in C.-H. Perrot et F. X. Fauvelle-Aymar, (éds.), Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l’Etat en Afrique contemporaine. Paris, Karthala, 361-380.
- Binsbergen, Wim van (2003). “Les chefs royaux nkoya et l’association culturelle Kazanga en Zambie. Résistence, déclin ou folklorisation de la fonction du chef traditionnel ?” , in C.-H. Perrot et F. X. Fauvelle-Aymar (éds.), Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l’Etat en Afrique contemporaine. Paris, Karthala, 489-510
- Bloch M., 1983, Les rois thaumaturges : étude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale particulièrement en France et en Angleterre. Paris, Gallimard (1ère éd. 1924).
- Perrot, Claude-Hélène ; Fauvelle-Aymar, François-Xavier (éds.) (2003). Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l’État en Afrique contemporaine. Paris, Karthala.
- Claude-Hélène Perrot, « Les autorités traditionnelles et l’État moderne en Afrique subsaharienne au début du XXIe siècle », 2009, p.15-33.
- Claude Tardits, « À propos du pouvoir sacré en Afrique : que disent les textes ? », Systèmes de pensée en Afrique noire, 1990, 35-48.