Teen Series.

Genre, sexualités et séries pour ados

Mis en ligne le

Réponse attendue pour le 09/12/2024

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

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Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement Bordeaux 33000

« Séries » et « adolescence » forment un couple inépuisable d’interrogations (académiques comme parentales). Mais si l’on a connu quelques séries « sur » les adolescent.e.s comme des séries « avec » des adolescent.e.s, les séries à destination des ados se sont aujourd’hui démultipliées. Plus qu’une évolution quantitative, on assiste également à une évolution qualitative de ces dernières. Les narrations se creusent, se complexifient et les profils des personnages, les identités perçues, s’étendent jusqu’à épouser les contours des identités vécues. Et s’il y a bien un endroit où cette évolution est éclatante, c’est celui du genre, de la sexualité et, plus généralement, de l’intimité.

Voici précisément tout l’objet de cet appel à communications : observer les teen series et interroger la façon dont elles interviennent dans les processus d’identification, de construction identitaire et de socialisation des adolescent.e.s.

Les séries sont en effet des terrains fertiles pour analyser les représentations car elles sont une « paraphrase » des expériences de la vie quotidienne (Esquenazi, 2017). La représentation de l’adolescence dans les séries met en scène un âge de métamorphose et de quête identitaire, le détachement des premiers liens, l’importance des réseaux amicaux qui s’incarnent dans des espaces probatoires circonscrits et les caractéristiques d’une culture juvénile.

Mais aussi, et ce point est un élément central du colloque à venir, une éducation sentimentale et sexuelle, de plus en plus mise en scène explicitement. Autant de points qui représentent et souvent modélisent des comportements auxquels les adolescents peuvent être sensibles.

Mais il serait vain de croire que l’influence est unilatérale, qu’il existerait un lieu unique d’où partiraient les représentations (en l’occurrence ici les séries) sans que jamais l’usage de ces dernières ne se voient modifiées, rectifiées, retravaillées par le public concerné (ici les adolescent.e.s évidemment, mais aussi leurs ami.e.s, leurs parents ou les professionnels de l’adolescence).

En effet, les publics adolescents s’emparent des narrations, de récits, d’imaginaires, pour se construire des communautés de pratiques, des réseaux également et mener des actions culturelles et sociales sous forme de partage de contenus numériques notamment. Plus encore, les adultes et les institutions (comme l’Éducation Nationale) se trouvent en prise avec les modalités d’apprentissage des questions de genre ou de sexualité, avec ces nouvelles représentations et façons d’être en relation.

Mais d’ailleurs : qu’est-ce qu’une « teen serie » ? Et comment, méthodologiquement, étudier cette dialectique entre pratiques, représentation et sociabilités adolescentes d’une part et production, diffusion et consommation des séries d’autre part ? Afin de circonscrire le sujet, encore faut-il délimiter ce que nous entendons par teen serie. Il ne s’agit pas, pour nous, d’étudier l’ensemble des séries où apparaissent des adolescent.e.s. Pour comprendre comment se produisent les teen series, il s’agit d’être attentif à trois éléments combinés. D’un part, l’intention de la série : celle-ci doit précisément être pensée à destination des adolescent.e.s, ou tout du moins viser les adolescent.e.s comme public cible de par ses thèmes, ses lieux ou son esthétique notamment.

Cependant, ne soyons pas dupes, les teen series ne sont jamais regardées uniquement par des adolescent.e.s et des jeunes adultes. Les dimensions nostalgique et universelle des thématiques abordées font d’elles des caisses de résonnance pour un public bien plus large !

Le deuxième point qui définit la teen serie renvoie aux personnages : les adultes sont périphériques et les adolescent.e.s sont au cœur du récit ! Enfin, ce qui définit une teen serie, c’est son modèle de diffusion. La teen serie a ses codes, ses prescripteurs.

C’est pourquoi, dans une perspective simultanée de pédagogie et de recherche, cet appel à communication tentera de répondre non seulement à ces thématiques mais également aux questions de recherche suivantes : les représentations genrées véhiculées par les séries télévisées jouent-elles un rôle sur la perception des sexualités et les pratiques des adolescentes et adolescents ? Quel est le rôle des représentations sérielles et des pratiques adolescentes qui en découlent, en matière de santé et sexualité ? Que font les adolescent.e.s de ces représentations et quelles pratiques ont-ils / elles entre fans des séries ? A la croisée d’une éducation aux médias et d’une éducation à la santé, entendue dans son acception la plus large, qui entend le bien-être et donc la santé sexuelle, l’intention de ce colloque est notamment de comprendre comment les adolescents se saisissent de ces questions, y trouvent ou non des réponses dans des fictions sérielles à fort attachement et procèdent à une distance critique vis-à-vis de ces fictions.Au total plusieurs axes pourront être investigués :

1- La dimension historique des relations entre teen séries, genre, sexualité et adolescence.

Dans cet axe, il sera attendu une réflexion sur l’évolution des productions, des diffusions et des réceptions de ces séries. La dimension comparée (entre plusieurs séries, plusieurs décennies ou plusieurs pays) est encouragée, mais des monographies pourront tout aussi bien s’inscrire dans cet axe. Différentes perspectives pourront être travaillées : à quelle évolution des représentations des corps adolescent.e.s assistons-nous ? Qu’en est-il des « premières fois » dans ces series ? Comment s’exprimaient et s’expriment aujourd’hui les amours (et les crush), les relations intrafamiliales ?

2- Féminisme & teen-series.

Ce deuxième axe porte son regard plus spécifiquement sur les questions de féminisme, affichées ou non dans ces séries (cela comprend également les réappropriations par les fans ainsi que les controverses propres aux séries comme aux acteurs/trices). A ce titre, les problématiques adjacentes, telles que les inégalités femmes-hommes, ou bien encore les VHSS (Violences et Harcèlements Sexistes et Sexuels) s’inscriront dans cet axe.

3- Les minorités de genre et de sexualité au prisme des teen series.

Un troisième axe s’intéressera aux représentations des minorités de genre et de sexualité dans les teen series. Plus encore, nous serons attentifs/ves aux réflexions portant sur les (mes)usages des personnages LGBTQIA+ dans lesdites séries et sur les effets relationnels de ses séries (coming out, constitution de communautés, mais aussi « socialisations inversées » que ces séries peuvent inaugurer).

4- Genre, teen series et intersectionnalité.

Nous ne saurions limiter les teen series et les questions de genre aux deux axes précités. C’est pourquoi, nous souhaitons insister sur les entrecroisements avec d’autres questions qui marquent les expériences juvéniles et qui demeurent inégalement reprises dans les séries étudiées pour ce colloque. On pensera notamment aux questions d’inscriptions territoriales (les espaces ruraux ou les quartiers prioritaires), de handicaps, de santé plus généralement, de catégories ethniques ou de classes sociales : comment les teen series (ne) parviennent-elles (pas) à restituer tout cela ?

5- Usages et réceptions.

Nous nous intéresserons fortement aux usages et aux réceptions de ces séries, du côté des fans évidemment, mais aussi des groupes d’amis, des réactions sur les réaux sociaux. Nous nous intéresserons également à l’inscription politique de ces séries (et des acteurs/trices). Formulons le ainsi : qu’est-ce que les adolescent.e.s font des / avec les / teen séries ?

6- Production et plateformes de diffusion.

Enfin, nous nous attacherons à analyser les enjeux liés à la production des séries télévisées, particulièrement en contexte américain, et aux lieux de diffusion de ces séries. Ainsi, les séries de network n’ont pas les mêmes contraintes que les séries du câble. De même, les plateforme de streaming (Netflix, Prime Video, Apple TV, Hulu) ont apporté de nouvelles problématiques dans les représentations et réceptions des sexualités adolescentes dans les séries. Enfin, les plateformes favorisent-elles la création originale et la disruption et/ou participent-elles aussi à des formes de standardisation et de « binge- watching » ?

Des thématiques transversales apparaissent spontanément à travers ses axes. Nous pouvons penser à celle de la lutte contre les discriminations, des relations familiales ou des pratiques culturelles. De plus, ce colloque sera l’occasion d’engager une discussion au-delà des aspects purement académiques de cet appel, en ouvrant ses portes aux collaborations avec les acteurs/trices de la santé sexuelle, de la lutte contre les discriminations, de la jeunesse et de l’animation. C’est pourquoi les recherches-actions, les dispositifs de sensibilisation ou les productions artistiques jumelant « séries », « genre » et « adolescentes » pourront également être présentées lors de ce colloque.

Calendrier

  • Les propositions attendues devront comprendre :
    • 1- votre nom/prénom et affiliation universitaire ou professionnelle,
    • 2- un résumé de votre communication (environ 3.000 signes)
    • 3- une inscription dans un des axes précités.
  • Vos propositions sont à envoyer à :
    • Arnaud Alessandrin (arnaud.alessandrin@gmail.com),
    • Évelyne Barthou (evelyne.barthou@univ-pau.fr)
    • Mélanie Bourdaa (melanie.bourdaa@u- bordeaux-montaigne.fr) avant le 09/12/2024
  • Une réponse vous sera communiquée la semaine du 13/01/2025

=> Les propositions retenues pourront faire l’objet d’une publication dans un ouvrage tir du colloque ou un numéro de revue

Comité scientifique

  • Arnaud Alessandrin, Dr en sociologie, Université de Bordeaux (LACES, 7437)
  • Mélanie Bourdaa, Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Bordeaux Montaigne (MICA)
  • Évelyne Barthou, MCF en sociologie, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  • Laurence Corroy, Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine
  • Maxime Duviau, Docteur en sociologie, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  • Aurèlie Pourrez, MCF en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine

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