Le Temps des Médias

Des musiques pas comme les autres ? Les musiques rock et les médias (1965-2020)

Réponse attendue pour le 10/06/2022

Type de réponse Résumé

Type de contribution attendue Article

Nom de la publication Le Temps des Médias

Coordinateurs

Le projet de ce numéro est de s’intéresser aux formes de médiatisation des musiques rock, de la massification des médias audiovisuels à nos jours. Il sera ouvert à toutes les formes et courants ayant jalonné l’histoire des musiques populaires au cours de cette période.

Ils sont au centre d’une multitude de fanzines, , ils font les titres de la presse généraliste nationale ou étrangère mais aussi les grands titres de la presse musicale spécialisée, chacune de leur apparition attire les caméras de télévision, la radio (pirate, libre, privée ou publique) n’a jamais cessé de programmer leurs chansons, l’arrivée, après six ans de latence, de leur catalogue sur Itunes en 2010 a marqué une étape fondamentale du développement d’Apple en tant que la plateforme de musique en ligne. Aujourd’hui, la chaîne de télévision par Internet Disney + diffuse une mini-série réalisée par Peter Jackson entièrement consacrée à l’enregistrement de Let it be et à la tenue de leur concert mythique en 1969 sur le toit de l’immeuble de leur société de production en plein centre de Londres. Tous les groupes et artistes qui évoluent dans les musiques populaires sous le regard des médias n’ont certes pas suscité le même intérêt que les Beatles mais les liens tissés entre les deux parties ont souvent été riches, multiples, variés et renouvelés si bien que les productions médiatiques en matière de musiques populaires, qu’elles qu’en soient la nature, l’origine ou la durée de vie sont autant d’archives mobilisables pour en écrire l’histoire.
À ce propos, le documentaire Get Back est proprement édifiant puisque le travail de son réalisateur, le néo-zélandais Peter Jackson, consistant à monter quelques soixante heures de traces audio et vidéo, parvient à déconstruire la légende noire du groupe le plus célèbre du monde selon laquelle, les rancoeurs et tensions internes auraient miné l’enregistrement de leur dernier album. Cet exemple n’est qu’une illustration ou une mise en bouche d’une réflexion plus ample sur les relations complexes entre les musiques rock et les médias.

Au milieu des années 1960, la télévision devient un média de masse en France ; en Angleterre, émergent des radios pirates, et des programmes télévisés ainsi que des périodiques se consacrent spécifiquement à ces musiques. Les bouleversements qui s’amorcent vont profondément renouveler leurs modalités de diffusion, celles de la culture populaire et les canons des cultures juvéniles. Leur diversité bouscule l’espace des médias de masse, les contraint de s’ouvrir aux contre-cultures et à une grande diversité de discours et de productions culturelles. Cette chronologie correspond à celle de l’explosion des musiques rock, à la fois en tant que marché et dans les formes de pratiques amateures. De l’appropriation de ces nouvelles musiques par les médias de masse, à la réinvention du paysage médiatique par les nouveaux canaux de la contre-culture, toutes les formes de diffusion pourront être étudiées. Des radios pirates à l’univers contemporain des podcasts, en passant par la richesse de générations successives de fanzines ou le succès des Inrockuptibles.

Les médias construisent avec les artistes, le monde économique qui les soutient et les consommateurs de musique, des styles, des courants, des pratiques autour des musiques rock. La musique est ici au centre d’un système économique complexe, jouant sur des images de rébellion, récupérant la nostalgie des générations les unes après les autres. La presse magazine et les médias alternatifs commencent par accueillir ces genres en rupture, avant leur intégration aux médias traditionnels. Dans l’univers des musiques populaires, les frontières sont parfois troubles entre ce qui relève de la communication et ce qui reste un travail de médiation et de journalisme. Cette histoire de la diffusion et de l’appropriation se construit entre médias et milieux artistiques aux différentes périodes. Ces enjeux ont été renouvelés avec les nouveaux formats, supports et espaces de diffusion depuis vingt ans et l’explosion des circulations musicales sur le web.

La dimension critique, dans tous les sens du terme, de la musique pas comme les autres, est bien sûr essentielle. D’abord, parce que, comme toutes les cultures populaires, les musiques rock (et les pratiques des fans) sont scrutées par les milieux conservateurs, prompts à signaler les remises en cause des “valeurs” musicales. Ensuite, parce qu’en regard, une critique savante, signe d’une pratique distinctive, se met en place avec l’émergence de chaque courant musical. Elle conduit à l’émergence d’autant de communautés, groupes de fans, formes de pratiques, lieux d’écoutes ou de rassemblement. Des multiples festivals aux lieux de partage des premières connexions internet, ces pratiques autour des musiques rock contribuent à écrire une autre histoire de la diffusion des médias et de leur appropriation.

À l’intérieur des bornes chronologiques mentionnées, le dossier souhaite accueillir des études sur une grande diversité d’aires géographiques : les ressorts de cette médiatisation en Amérique latine ou en Europe de l’Est par exemple ayant fait l’objet de recherches récentes. L’ensemble des questionnements sur l’évolution des relations entre les femmes et les hommes dans le milieu musical et médiatique semble bien sûr important. De celle des techniques à celle des pratiques, toutes les dimensions d’une histoire culturelle, sociale et politique des médias sont attendues pour dessiner ce tableau de la diffusion des musiques… pas comme les autres ?

Bibliographie

Michka Assayas (dir.), Dictionnaire du rock, Robert Laffont, 2000

Ludivine Bantigny et Ivan Jablonka, Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France XIXe-XXIe siècles, PUF, 2009

Nicolas Bénard, La Culture hard rock. Histoire, pratiques, imaginaires, éditions Dilecta, 2008

Steve Cannon et Hugh Dauncey (dir.), Popular music in France from Chanson to Techno, Routledge, 2003

Claude Chastagner, De la culture rock, PUF, 2011

Samuel Étienne, Bricolage radical, Saint-Malo, Strandflat, 2016

Gérôme Guibert, La Production de la culture. Le cas des musiques amplifiées en France, Irma éditions, 2006

Fabien Hein, Le Monde du rock, Irma éditions, 2006

Bertrand Lemonnier, L’Angleterre des Beatles. Une histoire culturelle des années 1960, Kimé, 1995

David Looseley, Popular music in contemporary France, Berg, 2003

Patrick Mignon et Antoine Hennion (dir.), Rock, de l’histoire au mythe, Anthropos, 1991

Ludovic Tournès, Du phonographe au MP3, XIXe-XXIe siècles. Une histoire de la musique enregistrée, Autrement, 2008

Articles

“Musiques rock et métal : regards et perspectives des sciences humaines et sociales”, Société, n°117, 2012

“Le Corps du rock et Arts immersifs”, Corps, n°13, 2015

« Patrimonialiser les musiques populaires actuelles”, Questions de communication, n°22, 2012 “Rock et cinéma”, Volume !, Hors série n°1, 2004

“Sons et cultures sonores”, Sociétés et représentations, n°49, 2020

David Dufresne, “Enquête sur la presse rock”, Combo !, n°5, 1990, p.85-110

 

Les propositions d’articles sont à envoyer pour le 10 juin 2022 à

 

Les autrices et auteurs retenu.e.s seront informé.e.s le 27 juin 2022

Les articles seront à rendre pour le vendredi 28 octobre 2022

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