Se nourrir, tout en étant un fait biologique caractéristique des êtres vivants, est également un acte culturel. La manière selon laquelle l’Homme acquière et transforme sa nourriture amène toute une série d’éléments organisationnels et symboliques. S’alimenter révèle en effet la relation que l’Homme entretient avec son corps, avec son environnement, avec ses pairs, avec ses enfants, avec son identité, avec sa spiritualité et ce, partout dans le monde et à travers l’histoire. Les discours sur les nourritures terrestres, pour reprendre A. Gide, permettent d’entrevoir ces relations et les représentations sociales de la nourriture en plus de discerner la façon dont elles évoluent. Par exemple, récemment en Occident, et un peu partout dans le monde, le discours sur l’alimentation s’est beaucoup médiatisé et médicalisé, pour devenir un véritable sujet de société (Hébel, 2008).
Plusieurs discours alarmistes émergent alors que la durabilité d’un système alimentaire industrialisé et mondialisé est questionné et qu’émergent des problématiques complexes (pesticides, pertes de productivité des terres, métaux lourds dans les poissons, OGM, perturbateurs endocriniens, autonomie alimentaire, souveraineté alimentaire, gaspillage alimentaire, famines, diabète, cancers, obésité, etc.). Pour ce faire, il est proposé de réfléchir ensemble aux questions/problématiques suivantes :
- La nourriture comme patrimoine immatériel à sauvegarder face à l’industrialisation de l’alimentation (le repas gastronomique français (2010) et le couscous maghrébin (2020) ont accédé à la liste de patrimoine immatériel de l’UNESCO).
- Comment le lien entre l’homme et sa subsistance a évolué/changé au fil du temps et comment les mots utilisés en sont des témoins ? Comment parle-t-on de nourriture de nos jours ?
- Quels liens peut-on faire entre représentation, discours, transmission culturelle et comportement alimentaire ? Le processus d’enculturation alimentaire et social est-il le même dans toutes les cultures du monde ?
- Quels proverbes, expressions, contes, blagues ramènent à l’alimentation dans les différentes culture du monde ? Comment parle-t-on du terroir en termes alimentaires ? Qu’est-ce que cela nous indique sur la relation homme-nourriture ?
- À quoi ressemble le discours sur « l’autonomie alimentaire » et/ou « la souveraineté alimentaire » dans un pays ou une région donnée ?
- Quels sont les discours argumentatifs et/ou normatifs entourant l’alimentation (généralement véhiculé par l’État et soutenu par la science de la nutrition, les spécialistes de la santé et les autorités politiques) ? Quels messages idéologiques, sociaux et culturels s’en dégagent ?
Dates de tombée :
– 30 septembre 2024 : soumettre Titre + Abstracts + Mots-clés (en français et en anglais) + Bibliographie succincte.
– 30 novembre 2024 : soumettre Texte intégral, après approbation du Comité éditorial de la revue.
Coordonnateurs du numéro :
Candice Cornet [Canada et Amériques] : ccornet@cegepsth.qc.ca
El Mostafa Chadli [Maroc, Afrique et Europe] : chadli_elmostafa@yahoo.fr