Lieux de diffusion de savoirs pensés par le genre – Dynamiques et questionnements

Ce numéro thématique vise à questionner les lieux de diffusion de savoirs au travers des questions du genre. Elle s’inscrit dans la continuité de la journée d’étude organisée le vendredi 22 avril à l’université Paul Valéry Montpellier 3 par le LERASS et dont le programme est accessible sur le site de la manifestation scientifique. Cette journée d’étude est co-portée par les axes “Information, Sciences, Savoirs, Pratiques” et “Genre et Médias”.

Périmètres des lieux de diffusion de savoirs

La notion de savoir est ici considérée dans son acception la plus large : les savoirs profanes et scientifiques, les savoirs professionnels et citoyens. Comme le souligne Jacob (2014), “les lieux de savoir sont à la fois les lieux où s’affirme la maîtrise particulière d’un sujet sur ce qu’il dit, ce qu’il pense et ce qu’il fait, et ceux où s’objectivent, où s’inscrivent les contenus de son discours, de sa pensée et de son action”. Dans le cadre de ce numéro thématique, nous souhaitons insister sur la notion de diffusion pour questionner la manière dont les organisations en tant qu’entités vectrices de normes et de valeurs formelles et informelles, s’emparent des questions de genre, ou de la question de l’égalité.

Les lieux de diffusion de savoirs auxquels nous nous référons dans le cadre de cet appel sont de nature diverse et concernent aussi bien les espaces culturels, patrimoniaux et mémoriels (archives, bibliothèques et musées), que les institutions scolaires et ceux de l’enseignement secondaire et supérieur, mais encore l’espace marchand (librairies, éditeurs). Nous nous référons également aux plateformes éditoriales scientifiques numériques ou non, aux dispositifs et usages liés à la science ouverte et aux humanités numériques.

Précisons qu’au-delà de ces lieux, cet appel s’intéresse aussi aux autres intermédiaires et passeur·e·s de savoirs issu·e·s de la société civile : les associations, les collectifs et les réseaux professionnels, scientifiques et citoyens ou encore les médias numériques qui sont également producteurs de normes en termes de représentations, de places ou de positionnements du genre.

Le genre comme (nouvelle ?) grille d’analyse des lieux de diffusion de savoirs

Envisager de penser les lieux de diffusion des savoirs par le prisme du genre consiste à utiliser une grille d’analyse désormais reconnue en SHS. Il s’agit bien ici “de considérer le Genre moins comme une discipline ou une idéologie, que comme une méthodologie, comme telle susceptible d’être exportée et adoptée par d’autres disciplines : une méthodologie « traversière », en quelque sorte.” (Coulomb-Gully, 2014).

L’originalité de ce numéro thématique réside d’une part dans sa capacité à dépasser le simple emprunt de cette approche en SHS et de la mettre à l’épreuve par l’étude et l’analyse d’un objet spécifique, ici les lieux de diffusion de savoirs ; d’autre part, cet appel vise à questionner les (nouvelles ?) formes d’institutionnalisation et de légitimation des questions de genre dans ces espaces, y compris à travers une perspective plus anthropologique et historique.

C’est pourquoi ce numéro, qui s’inscrit à un moment précis d’un temps long d’évolutions sociales, entend aussi mettre en lumière les éventuels processus de stéréotypage que la notion de genre et les lieux de diffusion de savoirs peuvent générer ou subir.

Questionnements soulevés

Les propositions attendues peuvent traiter de divers terrains et objets d’études, mais aussi de niveaux d’analyse variés notamment par des approches épistémologiques, conceptuelles ou des méthodologies originales. Celles-ci peuvent s’articuler autour des questionnements suivants :

• Quelles ignorances, évolutions et/ou résistances des normes genrées mettent en lumière les lieux de diffusion de savoirs ?

• Comment les positionnements normatifs et axiologiques des lieux de diffusion de savoirs en matière de genre ou d’égalité se traduisent-ils par des mesures et des dispositifs concrets ?

• Comment les initiatives genrées légitiment-t-elles ou non la participation et l’implication des professionnels ou des institutions, voire des usager·e·s, dans l’élaboration de nouveaux savoirs et des savoirs situés ?

• Quels effets sur les représentations entraînent la réception des politiques ou stratégies genrées adoptées par les lieux de diffusion de savoirs ?

Calendrier

• 22 avril 2022 : diffusion de l’appel à article

• 20 juin 2022 : date limite de soumission des propositions d’articles (entre 3000 et 5000 signes espaces compris, hors bibliographie)

• 15 juillet 2022 : réponse d’acceptation ou de rejet des propositions

• 25 septembre 2022 : date limite de réception des articles complets pour évaluation

• 2 novembre 2022 : retour des commentaires des évaluations aux auteur.e.s

• 25 novembre 2022 : date limite de réception des versions finales

• Décembre 2022 : parution du numéro

Modalités de soumission et d’évaluation

Les contributions peuvent être soumises au choix en français ou en anglais.

Les propositions de soumission doivent comprendre entre 3000 et 5000 caractères (espaces compris, hors bibliographie) et être anonymisées.

Les articles totaliseront quant à eux entre 30 000 et 40 000 caractères (espaces et bibliographie compris) et être anonymisés.

Les auteurs sont invités à respecter les recommandations aux auteurs concernant la qualité de formalisation scientifique, la mise en forme du texte et la normalisation des références bibliographiques.

Les textes attendus relèveront de manière privilégiée de l’article académique à vocation scientifique (évalué en double aveugle), mais aussi, plus ponctuellement, de l’article de type réflexif susceptible de rendre compte d’une expérience professionnelle (évalué par le comité de rédaction). Les auteurs doivent indiquer à quelle catégorie leur proposition appartient.

Les propositions doivent être envoyées au format de leur choix : doc, odt ou md à Hans Dillaerts (hans.dillaerts@univ-montp3.fr), l’un des coordinateurs de ce numéro thématique.

Les articles de recherche feront l’objet de deux évaluations, selon une double procédure d’évaluation anonyme, par un comité de lecture, dont les membres seront sélectionnés en fonction de leur domaine d’expertise, à réception des articles.

Coordination de ce numéro

• Nicole Boubée (Université Toulouse – Jean Jaurès, LERASS)
• Caroline Courbières (Université Toulouse – Paul Sabatier, LERASS)
• Hans Dillaerts (Université Paul Valéry Montpellier 3, LERASS)
• Fanny Mazzone (Université Toulouse – Jean Jaurès, LERASS)
• Eva Sandri (Université Paul Valéry Montpellier 3, LERASS)
• Maher Slouma (Université Toulouse – Paul Sabatier, LERASS)

Comité de lecture

Ses membres sont chargés de la procédure d’évaluation en double aveugle. Le comité est renouvelé à chaque numéro thématique en fonction du domaine d’expertise sollicité.

Bibliographie

Bereni, L., Chauvin, S., Jaunait, A., & Revillard, A. (2020). Introduction aux études sur le genre. De Boeck Supérieur.

Coulomb-Gully, M. (2014). « Inoculer le Genre », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 4 | 2014, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 12 avril 2022. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/837 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.837 SMASH

Courbieres, C. (2013). « La représentation documentaire du genre dans les classifications décimales », Hermès, n°166, septembre 2013, 115-121.

Courbieres, C. (2016). « Médiations croisées et parcours d’édition genrés : une esquisse de la figure adoulescente », Revue de Recherches en Littératie Médiatique Multimodale (R2LMM), vol. 4, décembre 2016. [En ligne] URL : http://litmedmod.ca/mediations-croisees-et-parcours-dedition-genres-une-esquisse-de-la-figure-adoulescente

Coville, M. (2017). « Imaginer les visiteuses : Scripts de genre et conception d’une exposition », Culture & Musées [En ligne], numéro 30 | consulté le 23 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/culturemusees/1192

Despret,V et Stengers, I. (2011). Les faiseuses d’histoires. Que font les femmes à la pensée ? Paris : La Découverte.

Flèche, S, Lepinteur, A Powdthavee, N. (2018). « Gender Norms and Relative Working Hours : Why Do Women Suffer More Than Men from Working Longer Hours Than Their Partners ? », AEA Papers and Proceedings, 108, 163-68. DOI : https://10.1257/pandp.20181098

Foucher-Zarmanian, C et Bertinet,A. (dir.), (2017). “Musées au prisme du genre”, Revue Culture & Musées, numéro 30.

Haraway, D. (2009). « Savoirs situés : la question de la science dans le féminisme et le privilège de la perspective partielle », chapitre 9, in Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature, Chambon, J.

Jacob, C. (2014). Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ? Openedition Press https://books.openedition.org/oep/423

Fougeyrollas-Schwebel D, Planté C, Riot-Sarcey M [et al.] (dir.) (2003). Le genre comme catégorie d’analyse : sociologie, histoire, littérature. Paris L’Harmattan.

Lépinard, É. & Lieber, M. (2020). Les théories en études du genre. Paris : La Découverte.

Mazzone F. (2019). “Feminist Publishing in France 1975–2000. A Quest for Legitimacy” In Atack M, Fell A S, Holmes D, Long, I, Making Waves. French Feminisms and their Legacies 1975-2015. Liverpool University Press, Contemporary French and Francophone Cultures, 66. 2019.

Montmasson,D. (2019). « La réception, par les enfants, des normes de genre transmises par la littérature de jeunesse : entre socialisation familiale et découverte de nouveaux modèles de comportement », Recherches & éducations. En ligne : http://journals.openedition.org/rechercheseducations/7075

Salanouve, F (coord.). (2021). Agir pour l’égalité. Question de genre en bibliothèque. Presses de l’Enssib.

Vincent-Lamarre P, Sugimoto C R., Larivière V. (2020). The decline of women’s research production during the coronavirus pandemic : Preprints analysis suggests a disproportionate impact on early career researchers. Nature index, 19 may 2020 , https://www.natureindex.com/news-blog/decline-women-scientist-research-publishing-production-coronavirus-pandemic