Argumentaire
Au début de l’année 2020 un virus disruptif a remis en question l’organisation, la planification, les prévisions, les projets, que ce soit dans les domaines culturels, politiques, économiques ou sociaux. Dans l’éducation, les écoles, les collèges, les lycées et les universités ont fermé leurs portes. Du jour au lendemain, les élèves, les étudiant·e·s, les enseignant·e·s et les parents ont dû s’adapter au travail à distance pour lequel la majorité n’était pas préparée, malgré les travaux de recherche dans ce domaine, largement ignorés à ce jour.
Chacun·e d’entre nous a ainsi pu mesurer pleinement un des paramètres fondamentaux de notre humanité qu’Edgar Morin (2020) a rappelé : “nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille […]”. Catherine Fuchs (2008) fait constat des difficultés à naviguer dans une langue (sous- ou surdétermination, homonymes, polysémie), constat qui peut être généralisé à toutes les facettes de l’enseignement/ apprentissage des langues.
En sciences de l’éducation, Philippe Perrenoud signait en 1996 déjà un ouvrage au titre évocateur : Enseigner : agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude, qui lie incertitude et complexité. C’est en raison de la complexité du monde, et de l’incertitude consubstantielle à notre existence humaine qui en résulte, qu’il nous invite à abandonner tout dogmatisme, sans néanmoins tomber dans un relativisme anxiogène.
Selon Helsing (2007), la place de l’incertitude dans l’enseignement est établie, mais demande à être explorée davantage. Elle est au cœur à la fois des fonctions d’enseigner et d’apprendre. Elle est bien sûr aussi au cœur de la recherche, car qui dit recherche dit incertitude de départ. Il n’existe pas de consensus sur une méthode pédagogique qui ferait l’unanimité, ni une méthode d’évaluation, ni même un standard de langue. Il faut constamment faire des choix entre divers types d’action. On peut apprendre de multiples façons. On peut enseigner de multiples façons. On peut chercher de multiples façons. Et on change de façon de faire tout au long de la vie. Villaume (2000) revendique la “nécessité de l’incertitude”.
En didactique des langues, la réflexion sur l’incertitude peut se décliner selon différents axes.
- Épistémologique : quelle est la validité ontologique des concepts que nous employons ? Par exemple, utiliser le terme “motivation”, est-ce à dire que la motivation a une réalité ?
- Méthodologique : peut-on affirmer et généraliser sans précautions des résultats obtenus quantitativement ? Quelle validité accorder aux résultats obtenus par des méthodes qualitatives ?
- Linguistique : quelle réalité de la langue enseignée ?
- Technologique : quelle place attribuer au développement du numérique dans un monde incertain et mouvant ? Quelle place pour les liens sociaux ?
Pédagogique : quelle formation pour les futur·e·s enseignant·e·s pour leur donner les outils nécessaires afin qu’ils/elles soient prêt·e·s à affronter l’incertitude des situations professionnelles qu’ils/elles rencontreront ? Comment les amener à comprendre qu’il n’y a pas une manière, mais des manières de faire pour s’adapter à la complexité des contextes dans lesquels ils exercent ? Quelle précision de l’évaluation des productions des apprenants ?
Modalités de contribution
Les contributions peuvent se faire en français ou en anglais, sans phase de proposition. Les articles (entre 6 000 et 10 000 mots) aborderont un des aspects de la problématique pour le numéro 37 de la revue Études en didactique des langues et devront respecter la feuille de style. Ils devront être adressés par courrier électronique avant le 30 juin 2021 à edl@lairdil.fr. Le numéro paraîtra en décembre 2021.
Comité scientifique EDL
David Banks (Université de Brest), Khadoudja Belkhenchir (Université Oran – Es Sénia, Algérie), Jean-Claude Bertin (Université du Havre), Marie-Christine Deyrich (Université de Bordeaux), Carmen Fonseca (Université de Huelva, Espagne), Pierre Frath (Université de Reims), Oksana Gavrilyuk (Université de Krasnoïark, Russsie), Anna Gvozdeva (Université d’état de Koursk, Russie), Hélène Knoerr (Université d’Ottawa, Canada), Jean-Rémi Lapaire (Université de Bordeaux), Marie-Françoise Narcy-Combes (Université de Nantes), Jean-Paul Narcy-Combes (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Sylvie Ngilla McGraw (University of San Diego, USA), Christian Puren (Université de Saint-Etienne), Françoise Raby (Université de Toulouse), Claire Tardieu Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Annalisa Zanola (Université de Brescia, Italie), Bin Zou (Université Xi’an Jiaotong, Chine – Liverpool University, GB).
Comité de lecture
- Elizabeth Crosnier (Université Toulouse3)
- Nicole Décuré (Université Toulouse 3)
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Mots-clés
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