Journal de recherche en éducation musicale (JREM)

Pratiques musicales collectives à vocation sociale et partenariat inter-métiers

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 15/05/2023

Type de réponse Résumé

Type de contribution attendue Article

Nom de la publication Journal de recherche en éducation musicale (JREM)

Coordinateurs

  • Lorraine Roubertie Soliman, Université Clermont Auvergne, ACTé
  • Géraldine Rix-Lièvre , Université Clermont Auvergne, ACTé

Contacts

Argumentaire

Depuis une quinzaine d’années, le succès local puis international d’El Sistema (au Venezuela, en 1975) a généré une dynamique de développement de projets de pratique musicale collective à vocation sociale. En France, ce sont principalement deux modèles de pratique orchestrale qui se répandent : 1/ Orchestre à l’école (OAE), créé en 1999 par la Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale ; 2/ Dispositif d’Éducation Musicale et Orchestrale à vocation Sociale (DEMOS), créé en 2009 par la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris (45 orchestres). Ces projets, dont certains sont devenus des terrains de recherche, transforment le contexte de l’éducation musicale : les équipes encadrantes (Demange et al., 2006 ; Bourg, 2012 ; Le Tirant, 2017 ; Roubertie Soliman et al., 2021), les pratiques pédagogiques, les lieux d’enseignement, les publics visés.

Les dimensions collective et « ‘’inter’’, c’est-à-dire tout à la fois interinstitutionnel, intersectoriel, interprofessionnelle, interdisciplinaire  » (Mérini et al., 2021, p. 18) y sont prégnantes. Les musiciens en posture d’enseignants comme les acteurs issus des autres champs professionnels concernés (animateurs socioculturel, services civiques, enseignants Éducation Nationale, bénévoles…) s’y trouvent « dans l’action avec et contre l’autre (…) [dans une] relation [paradoxale] d’opposition/coopération  » liée au contexte partenarial (Mérini 2001, p. 2). La dimension collective du travail à mener par les musiciens-enseignants, non seulement au niveau des élèves, mais aussi au niveau des adultes encadrants, induit un bouleversement des missions parfois vécu comme difficile (Roubertie Soliman et al., 2019), mais aussi comme « un enrichissement de la pratique et de la posture » (Le Tirant, 2017, p. 40). Ces difficultés, ces bénéfices et toute autre forme de transformation des pratiques et des postures, liés à l’action conjointe des musiciens-enseignants avec des partenaires de cultures professionnelles différentes, restent toutefois à caractériser plus finement.

Lorsque l’on effectue une recherche à partir des mots-clés « music  » et « effect  » (sur Titre) sur sept bases de données, on trouve surtout des études d’impact réalisées dans l’espace anglophone, à propos des effets des pratiques musicales collectives sur les élèves ; ce premier état des lieux montre aussi que peu d’études ont été menées sur les adultes encadrants dans l’espace francophone (Tripier-Mondancin et Martin, 2017). Par ailleurs, les différents exemples présentés lors de la journée d’étude Les pratiques musicales collectives à vocation sociale à l’épreuve du partenariat inter-métiers (MSH de Clermont-Ferrand, 31.05.22) ont contribué à montrer qu’un grand nombre de questions soulevées par les professionnels dans ces situations d’inter-métiers — où des logiques pas nécessairement identifiées s’opposent — restaient sans réponse à ce stade. Ces questions, initialement perçues comme des problèmes, concernent par exemple la manière qu’ont les acteurs d’investir et de hiérarchiser les différentes valeurs associées au projet. Ainsi en est-il de la conception de l’apprentissage musical : plutôt du côté de la technique instrumentale et selon des attentes précises de rendu esthétique pour les uns, plutôt dans le travail sur la motivation et l’engagement des enfants grâce à une variété de points d’entrée (danse, chant, sorties culturelles…) pour les autres. Certaines tensions interpersonnelles apparaissent alors, en lien avec la formation spécifique des musiciens recrutés et leurs différents ancrages dans le métier. Le manque de visibilité réciproque sur les métiers et l’expertise des autres a également été identifié comme un facteur de tensions entre les personnes. C’est par exemple le cas entre des musiciens dont le statut et les employeurs multiples peuvent freiner la disponibilité vis-à-vis du projet, ce que certains professionnels du champ social, salariés au sein d’une collectivité, ne comprennent pas au premier abord. Le travail collectif inter-métiers peut aussi générer certaines perturbations dans le fonctionnement habituel des organisations impliquées. Ainsi, a été signalée une méconnaissance du périmètre de collaboration des acteurs qui ne sont pas nécessairement associés à la co-construction du projet, ainsi qu’un manque de lisibilité dans la gouvernance.

Ces différentes perturbations, les tensions et dilemmes qui en résultent, sont inhérentes aux situations d’inter-métiers où sont en relation, souvent en conflit, différents codes et univers (Mérini et Thomazet, 2014). Si dans le champ de l’éducation, le travail collectif (impliquant le partenariat inter-métiers) répond à une forme d’injonction internationale (Anne-Françoise Gibert, 2018) et centralise par conséquent un grand nombre de recherches depuis les années 1990, l’intérêt des scientifiques est en revanche plus récent en ce qui concerne le travail collectif dans le milieu de l’enseignement de la musique. Dans le but de nourrir la réflexion sur les modalités et les enjeux du partenariat inter-métiers sur ces terrains de recherche spécifiques, nous lançons un appel à contribution en vue d’un numéro thématique. Les chercheur.e.s dont les travaux interrogent les pratiques, les questionnements, les tensions et les dilemmes auxquels sont confrontés les différents acteurs de tels projets (qu’ils concernent les pratiques instrumentales ou tout autres dispositifs d’éducation musicale) peuvent répondre à cet appel, qu’elles.ils travaillent en musicologie, sciences de l’éducation, sociologie, anthropologie, psychologie sociale, ergonomie, sciences du travail, sciences cognitives…

Modalités de soumission

Les auteurs sont invités à envoyer l’article, accompagné d’un titre, d’un résumé de 200 à 250 mots, de cinq mots-clés, ainsi que de leur traduction en langue anglaise (voir la « Note aux auteurs »).

La proposition est à adresser à l’attention du comité rédaction de la revue (adresse courriel : revueJREM@gmail.com) et aux coordinateurs du numéro (lorraine.roubertie_soliman@uca.fr). Les articles seront soumis de manière anonyme à une double expertise.

  • Date de réception des articles : avant le 15 mai 2023
  • Date de publication : premier semestre 2024

Bibliographie indicative

Bourg, A. (2012). Les pratiques musicales instrumentales collectives en milieu scolaire : un nouveau terrain de recherche ? Eduquer|Former, 43(1), 63-84.

Demange, E., Hahn, K., et Lartigot, J.-C. (2006). Apprendre la musique ensemble. Les pratiques collectives de la musique, base des apprentissages instrumentaux. Symétrie.

Gibert, A.-F. (2018). Le travail collectif enseignant, entre informel et institué. Dossier de veille de l’IFÉ, 124.

Le Tirant, D. (2017). Ce que DEMOS fait au métier – II Parcours et pratiques professionnelles des musiciens et intervenants Démos. Cité de la Musique-Philharmonie de Paris.

Mérini C. (2001). Le partenariat : histoire et essai de définition. Actes de la Journée nationale de l’OZP (Observatoire des Zones Prioritaires).

Mérini C. et Thomazet S. (2014). Un cadre théorique et méthodologique pour l’observation des pratiques collaboratives des maîtres E. Recherches en éducation, 19, 3-6.

Mérini C., Marcel J.-F. et Piot T. (2020). L’observation des pratiques collaboratives dans les métiers de l’interaction humaine : des pratiques pluri-adressées. Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

Roubertie Soliman L., Tripier-Mondancin O., Martinez E. et Bach N. (2019). Projet orchestre dans un collège REP+, à Toulouse : caractériser les difficultés déclarées par des professeurs chargés de l’enseignement musical. Education et socialisation – Les cahiers du CERFEE [En ligne], 54 https://doi.org/10.4000/edso.8090 SMASH

Roubertie Soliman L., Rix-Lièvre G. et Wierre-Gore G. (2021). L’orchestre Démos Clermont-Ferrand, l’œuvre d’un travail interprofessionnel : Que pouvons-nous apprendre des modalités de coordination entre les acteurs ?

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