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Lieu de l’événement Séminaire en distanciel,
Dans leurs ouvrages Productions Studies(2009) et Production Studies, The Sequel !(2016), Vicky Mayer, Miranda Banks, John Caldwell et Bridget Conoront proposé à la communauté de chercheur.es venu.es de différentes disciplines d’entamer une discussion autour du concept de « culture de production » (Production Culture). Les professionnel.les du cinéma sont perçu.es comme des « acteurs culturels » (2009, 2) qui façonnent par leurs actions et leurs discours la culture de leur milieu. Cette approche privilégie donc une attention aux réalités vécues » (2009, 4) et un intérêt pour les recherches ancrées dans des études de cas ciblées (2016, x). Le contexte institutionnel reste un élément de compréhension de ces réalités car la culture de production existe dans une tension « entre l’agentivité des individus et les conditions sociales dans lesquelles s’inscrit cette agentivité » (2016, x).
Au cœur de ce travail se trouvent deux interrogations : Comment les acteur.rices des médias se représentent–iels iels–mêmes ? Comment les chercheur.es parlent–iels de ces « représentations variées et contestées » (2009, 4). La culture de production est donc une construction culturelle, une « communauté imaginée » (Anderson 1983) créée par ses acteur.rices dans un contexte d’enjeux de pouvoir. Si Production Studiesse concentre sur des études de cas situés aux États–Unis, The Sequel !ouvre la discussion à l’international, afin de prendre en compte la nature mondialisée du cinéma.
Le séminaire « Production Cinématographique et Transculturation » propose de faire des phénomènes consubstantiels à l’internationalisation de la production cinématographique le sujet–même de ses discussions.
En envisageant la notion de culture de production dans un cadre mondialisé, de nouvelles questions se posent, qui ont trait à la diversité culturelle et aux contacts entre cultures. Chaque professionnel.le de cinéma apparaît ainsi comme un être d’emblée pluriculturel, dont l’identité croise deux cultures de production : une culture liée à son métier et une culture liée à son pays, la première étant elle–même médiée par la seconde. La mondialisation amène de plus en plus ces professionnel.les à travailler en contexte multiculturel, en particulier dans le cadre des coproductions, des productions délocalisées, et des circulations entraînées par une production mondialement dispersée. Au sein de ces lieux de travail, les professionnel.les se retrouvent dans des situations de communication interculturelles, où iels jouent avec les codes culturels. Pluriculturalisme, multiculturalisme et interculturalité permettent de concevoir l’individu, le contexte et les situations de communication. Ce qui se passe à l’endroit du contact interculturel vient transformer non seulement l’individu dans son identité et la représentation qu’iel s’en fait, mais également les cultures en présence.
Le travail en contexte multiculturel des professionnel.les de cinéma vient ainsi créer une zone de contact : non seulement les différentes cultures s’influent mutuellement mais cet échange entraîne « la création postérieure de nouveaux phénomènes culturels » (Ortiz, 1940). Bronisław Malinowksi résume ainsi la notion de « transculturation »proposée par Fernando Ortiz : « toute transculturation est un processus dans lequel on donne toujours quelque chose en échange de ce que l’on reçoit ; c’est comme le dit l’expression, du ‘donnant, donnant.’ C’est un processus dans lequel les deux parties de l’équation sont modifiées. Un processus duquel émerge une nouvelle réalité, composite et complexe ; une réalité qui n’est pas un amalgame mécanique de caractères, ni même une mosaïque, plutôt un phénomène nouveau, original et indépendant » (Ortiz, 1940).
Afin de saisir les phénomènes d’échanges cultures complexes et variés en jeu dans l’industrie mondialisée, le séminaire « Production Cinématographique et Transculturation propose de rassembler des chercheur.es autour de la question suivante :
Quels processus de transculturation se jouent lorsque les professionnel.les de cinéma travaillent en contexte multiculturel ?
Les études de cas où apparaissent ces processus de transculturation sont multiples. On peut penser à quatre lieux multiculturels particulièrement propices à l’observation :
Co–productions
Comment les coproductions influent–elles sur les pratiques des producteurs et du personnel technico–artistique ? Les négociations font–elles apparaître des rapports de pouvoir entre sociétés de production et comment celles–ci affectent–elles les choix en termes de création (choix scénaristiques, casting, etc.) et d’organisation (contrats, organisation du travail, etc.) ? Peut–on parler d’une typologie des modèles de coproductions transculturelles ? La proximité géographique, culturelle et/ou linguistique y joue–t–elle un rôle central ? Le rôle nouveau joué dans le monde par les plateformes étasuniennes en matière de co–production bouleverse–t–il l’organisation du métier et les horizons d’attente créatifs ?
Productions mondialement dispersées
Le pays d’accueil doit–il modifier ses habitudes de travail pour attirer et fidéliser les productions étrangères ? Quel est l’impact à long terme de tournages délocalisés sur les pratiques professionnelles du pays d’accueil (temps de travail, modalités de communication, respect de l’environnement, etc.) ? Est–ce que le modèle de production mondialement dispersée entraîne une homogénéisation ou une fragmentation des pratiques (production, tournage, post–production) ? Entraîne–t–il une évolution de la façon de penser les politiques publiques ?
Circulation des professionnel.les
Quel est l’impact des différentes modalités de circulation (expatriation, transmigration, nomadisme) sur les pratiques des professionnel.les ? Quels sont les schémas culturels et géo–politico–économiques les plus fréquents de la circulation de ces professionnel.les ? Quelle est la part des réseaux dans les décisions de départ et dans la constitution éventuelle de communautés professionnelles d’expatrié.es ? Quel est le lien entre compétences professionnelles et circulation internationale (formation, compétences linguistiques, réseau, etc.) ? Quels ajustements, tensions et innovations se jouent au sein des équipes technico–artistiques multiculturelles ?
Festivals et marchés
Quels modèles de coopération culturelle sont promus à travers les dispositifs associés aux festivals, tels que les ateliers de formation, les fonds de financement à la coproduction, les marchés et les forums de coproduction ? Comment se manifeste la transculturation dans les discours réflexifs des programmateurs, cinéastes, producteurs, et publics des festivals ? Comment les lieux d’échanges formels et informels que sont les festivals et marchés contribuent–ils à la création d’un réseau transnational de professionnel.les ? Quelles communautés transculturelles se créent–elles autour des pratiques professionnelles au fil des rencontres ?
L’objectif du séminaire Production Cinématographique et Transculturation est de créer un réseau de chercheur.es, d’identifier les questions saillantes qui nous rassemblent et d’ouvrir un lieu d’échange autour de nos méthodologies et pratiques. Les chercheur.es de toute discipline sont les bienvenu.es, qu’iels travaillent sur des phénomènes contemporains ou plus anciens.
Le séminaire Production Cinématographique et Transculturation sera constitué de 6 séances en ligne en 2021–2022 suivi d’ateliers lors du Congrès NECS 2022.
Appel à communications
Les propositions de communication (500 à 800 mots, en français ou anglais) sont invitées à suivre le déroulement suivant
- Présentation succincte de votre domaine de spécialité et mini–biographie
- Quelles interactions culturelles et quels phénomènes relevant du transculturel observez–vous ?
- Quels outils épistémologiques, théoriques et méthodologiques mobilisez–vous ?
- 3 à 5 références bibliographiques sur lesquelles vous vous appuyez.
- Les propositions sont à envoyer à transcultural@cinecosa.com et nolwenn.mingant@univ-angers.fr pour le 30 août 2021
Séminaire dirigé par Nolwenn Mingant (3LAM, Université d’Angers)
Équipe organisatrice
- Joël Augros (CLARE/ARTES, Université Bordeaux Montaigne)
- Bérénice Bonhomme (LARA–SEPPIA, Université de Toulouse–Jean Jaurès)
- Patricia Caillé (CREM, Université de Lorraine)
- Katalin Pór (2L2S, Université de Lorraine)
- Christel Taillibert (LIRCES, Université Côte d’Azur)
- Cecilia Tirtaine (CRINI, Université de Nantes)
- Ana Vinuela (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3)
Partenaires
- Création Collective au Cinéma
- HESCALE
Pour en savoir plus sur CinEcoSA (Cinéma, Économie & Sociétés Anglophones), n’hésitez pas à consulter le site de l’association : www.cinecosa.com
Mots-clés
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