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Lieu de l’événement Le Havre 76, France
Un moule est en effet un objet qui donne sa forme à une matière, ou bien, pris au sens figuré, un modèle qui permet de produire en série un objet utilitaire ou, pourquoi pas, une œuvre d’art, un concept, un être humain. Le produit qui en résulte à ceci d’intéressant qu’il semble dénué d’identité propre : identique aux autres, il voit sa valeur résider dans sa conformité au modèle, et non en lui-même. Le « moule », entendu dans un sens très large, permet ainsi d’organiser une réflexion autour de la reproduction de comportements, de formes artistiques, voire de formes de pensées, et pose la question des rapports entre créativité et norme.
Nous proposons aux participants de partir d’une méditation sur l’expression « rentrer dans le moule », et d’en questionner l’apparent bon sens. Elle sert souvent d’injonction à se conformer à un modèle collectif, effort nécessaire à la vie commune et fondateur en réalité de toute formation de l’individu, aux niveaux social, politique, intellectuel, etc. Mais l’expression est chargée de connotations négatives, et l’on se rebelle volontiers contre toute norme qui semble étouffer l’individu, brider l’expression de son être intime. L’identité est de fait un terme ambigu : s’agit-il d’être identique aux membres de son groupe, ou à soi-même ? En premier lieu, le moule peut donc évoquer pour les sciences humaines les normes sociales prescriptives, et qui appellent une transgression. Mais il n’est pas que cela, puisqu’il ouvre la réflexion sur des problématiques d’engendrement des formes artistiques (littéraires, filmiques…), la création artistique fonctionnant par écart à la norme. De même, au niveau épistémologique, toute élaboration d’une pensée ne nécessite-t-elle pas formation – d’un modèle explicatif, voire du chercheur lui-même – puis sa remise en cause ? L’expression invite donc à explorer cette dialectique entre reproduction de la norme et sa subversion, et à mesurer combien toute identité est le fruit d’un travail de création. Comment se construit, finalement, une identité sociale, artistique, voire intellectuelle ?
Les communications, qui peuvent consister en une présentation d’un aspect important de votre thèse, pourront s’inscrire librement dans ce thème, en explorant un ou plusieurs des axes proposés :
Un premier axe, « Se couler dans le moule », propose d’explorer les modalités de reproduction d’une forme. Il peut s’agir de décrire les processus qui ont présidé à l’écriture d’un texte, à la reproduction d’un comportement, à la transmission d’une identité, en tant qu’ils se conforment à un modèle préexistant et imposé. On pourra s’intéresser aussi à ce travail lui-même, comment il se présente, se justifie, et évolue. Par ailleurs, on pourra interroger l’aspect coercitif du moule : reproduire un modèle, n’est-ce pas le subir ?
Un deuxième axe, « Casser le moule », invite à étudier la production de nouvelles formes par l’invention ou la transgression, quand la libre création travaille les œuvres antérieures, ou que les identités se fissurent. On pense à la dimension créative de l’art ou de la pensée, mais aussi de l’identité. On peut aussi se demander si l’élaboration de nouvelles formes implique nécessairement le rejet du moule ou si celui-ci peut évoluer de concert avec la création.
Un troisième axe, « Façonner un moule », aborde un problème d’ordre épistémologique : comment ordonner, classer des objets ou des formes ? Quand le moule est inadapté, manque ou demeure introuvable, c’est au chercheur de le reconstituer à partir de la série d’objets plus ou moins hétérogènes qu’il étudie. Plus largement, on peut se demander d’où procède la norme.
Les propositions de communication, de 400 à 500 mots, sont à envoyer à l’adresse jdd.prsh@univ-lehavre.fr avant le 17 septembre 2021. Elles devront faire figurer en préambule une courte biographie (nom, prénom, adresse électronique, laboratoire, champ disciplinaire et université d’origine).
Comité d’organisation
Cette journée est organisée à l’initiative des doctorants de l’Université Le Havre Normandie.
- Florian Doré, doctorant, GRIC, section 9, inscrit en 2018
- Jérôme Ordoño, doctorant, GRIC, section 11, inscrit en 2020
- Briac Picart Hellec, doctorant, GRIC, section 11, inscrit en 2018
- Jessica Thrasher Chenot, docteure, GRIC, section 11, thèse soutenue en 2020.
Comité scientifique
- Sonia Anton, maîtresse de conférences en littérature française, GRIC, Université du Havre
- Myriam Boussahba-Bravard, professeure de civilisation britannique, GRIC, Université du Havre
- Jean-Noël Castorio, maître de conférences en histoire ancienne, GRIC, Université du Havre
- Nicolas Guillet, maître de conférences en droit public, CERMUD, Université du Havre
- Laurence Mathey, professeur de langue et littérature du Moyen Âge, GRIC, Université du Havre
- Patricia Sajous, maîtresse de conférences en géographie, UMR Idées Le Havre, Université du Havre
- Orla Smyth, maîtresse de conférences en littérature anglaise, GRIC, Université du Havre
- Stéphane Trois Carrés, Artiste / Enseignant chercheur, IDEA, Ecole Supérieure d’Art et de Design Le Havre-Rouen
- Thomas Vaisset, maître de conférences en histoire contemporaine, UMR Idées Le Havre, Université du Havre
Mots-clés
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- Doctorat