- From at
Event place Colloque interdisciplinaire IUT Bordeaux-Montaigne, 1, Rue Jacques Ellul , BORDEAUX 33800 , France
Présentation
Le développement et l’usage des réseaux sociaux numériques (RSN) contribuent à l’institutionnalisation de nouvelles formes, méthodes, pratiques et stratégies de traitement des informations et de communication, consécutivement à leur diffusion. Par ailleurs, le développement et les usages sont intégrés aux systèmes d’information (SI). La diversité des situations ouvre d’importantes perspectives de recherche au croisement des disciplines – sciences de gestion et management ; sciences de l’information et de la communication, voire se positionne résolument dans des champs interdisciplinaires connexes et transdisciplinaires.
Ils sont le support de transformations communicationnelles, organisationnelles et stratégiques importantes. Ils contribuent à faire évoluer les comportements organisationnels, culturels, économiques, sociaux, éducatifs… Qu’en est-il de leur évolution au regard des déteminismes et des impacts, éthique, consécutivement sur les plans épistémologique, praxéologique, pragmatique, méthodologique, puisque l’éthique les traverse tous ?
Les RSN articulent largement les transformations et les statégies de changement dans tous les domaines. Ils ouvrent les espaces de liberté. Toutefois, la détermination n’abolit-elle pas la liberté ? Au-delà les impacts ne sont pas que positifs, si ce développement et les usages sont affirmés comme nécessaires et consécutifs aux causes qui les motivent. Il y a lieu de considérer les aspects négatifs de ce développement.
Le progrès rapide des technologies digitales scande et argumente ce développement. Le développement des processus massifs de numérisation et les injonctions de la modernité avec/par le numérique et le digital prescrivent les enjeux économiques, sociaux, culturels, éducatifs et sociétaux au regard des progrès technologiques dans le cadre d’un processus tautologique. Au-delà des contributions au progrès (scientifique, technologie et technique, économique, social, culturel, humain,…), la recherche scientifique doit se soucier d’orienter les recherches sur les aspects défectueux, afférants à la conception, aux usages, aux comportements, au développement des compétences… particulièrement en raison de la normativité de ce développement et des usages. Cette exigence implique d’affirmer des principes engageant la chaîne des acteurs sur le plan l’éthique. Les principes premiers imposent d’articuler intégralement les axes téléologiques et axiologiques des comportements organisationnels et stratégiques. Un discours sur la qualité et la résponsabilité, dont la responsabilité sociale, n’est pas suffisant, car institué au nom de la concurrence et de la rivalité, il engendre des visions et des comportements manichéens.
L’appel à communications souligne la problématique cachée du déterminisme et de l’impact, dans ce champ de recherche des RSN, qui se découvre au fil du développement et des usages. Le champ de la recherche est large : en quelque sorte tous les mondes. Ces mondes se tissent entre-eux car ils promulguent une ontologie de développement englobant, sollicitant la coopération humaine (souhaitée ou/et subie), mais aussi plaçant les humains en concurrence, y compris avec les ressources mises en œuvre. C’est notamment le cas avec le développement de l’usage des applications fondées sur « l’Intelligence Artificielle », qui engendre ou/et aggrave les impacts antagonistes, par exemple sur le plan social relativement à son rapport à l’économique, mais aussi sur le plan économique lui-même relativement aux économies d’échelle, malgré les concentrations économiques et la transformation des régimes de concurrence à l’échelle de la mondialisation. Au regard des emprises, cette perspective questionne l’éthique des savoirs, des discours, des usages et des transformations elles-mêmes.
Le développement engendre des transformations transductives au sein des sociétés humaines, au sens où elles entrent en résonance et se déploient de place en place en se complexifiant (G. Simondon, 2005). Elles structurent les relations et les interactions, mettent en liens. Toutefois, ces liens étant les infratsructures de la relation humaine, sociale, économique… connaissent une métamorphose et sont profondément affectés par ce développement et par les usages. Sur ce plan, l’éthique et les solutions divisent… les pour, les contre… Elle est un indicateur de la qualité intégrale (H. Savall et V. Zardet, 1995, 2004). Une éthique vertueuse a un impact économique positif car elle contribue à la réduction actuelle et future des coûts. C’est en effet la conversion des coûts et des performances cachés qui créerait de la valeur ajoutée. Toutes les situations économiques ne justifient pas les transformations mondiales uniformes que l’on observe.
La globalisation de ce phénomène à l’échelle planétaire revêt un aspect paradoxal. L’humain se veut libre et autonome, voire indépendant, mais se soumet à l’hétéronomie de leur développement alors que les discours professent leurs usages pour le développement de la liberté ; il se soumet finalement à ce qui engendre les contraires de la volonté et de l’autonomie… et finalement cela questionne les praxis humaines (C. Castoriadis, 1975, 1988, 1991, 1996 ; A.M. Cocula-Vaillères,2018). Est concerné aussi le management des organisations, soumis également aux déterminsimes et impacts, qui a par ailleurs les siens propres. Ce développement engendre des phénomènes de tétranormaisation (H. Savall et V. Zardet, 2005), car il est impossible d’intégrer des normes disparâtres, ce qui pose un problème éthique.
L’emprise, nonobstant les choix infléchis par la volonté et la raison, contribue à les orienter et consécutivement à les conditionner, à les institutionnaliser de leurs points de vue axiologiques et téléologiques. Les transformations sont la source d’externalités, de dysfonctionnements, estimés peu ou prou selon les points de vue, mais elles sont aussi et surtout la source de coûts-performances cachés très importants au sein des organisations et de leur management, plusieurs dizaines de milliers d’Euros par an et par personne dans toutes les organisations ((Ibid., Savall et Zardet, 1995, 2004), parmi lesquels les coûts externalisés, qui ne disparaissent pas par magie car ils ne sont en fait que transférés aux autres acteurs de la chaîne des coûts.
Le pouvoir des acteurs, sujets des usages, est possiblement dissocié de leur capacité à décider et même à penser. Il y a là un problème éthique fondamental et c’est pourquoi ce problème est au centre de l’argumentation pour ce colloque. Le développement des nouvelles formes de l’information et de la communication (M. Zacklad, 2010, 2012, 2014) et des structures et/ou configurations qui les intégrent implémente des « appareils à penser », des « prêts à penser », institue de nouvelles idéologies, parmi lesquelles les idéologies technologiques (D. Wolton, 2019). L’idéologie, il faut le rappeler, est d’abord la manifestation des représentations mentales caractéristiques de l’identité au sein des groupes, des organisations et des institutions qui en struture la cohésion. Elle sert bien à orienter les transformations et le changement, en dissimulant ce qui est à cacher. Ce phénomène n’est pas connu, puisqu’il est celui qui les installe, défini par R. Kaës (2016) comme un « reflet inverse du réel, instrument de la falsification et de l’illusion ». Les idéologies, tout comme les conformismes et les conformités, imposent un prêt à penser à sa propre pensée.
Ce phénomène est intégré à (et par) le déploiement du numérique et son institutionalisation. Le numérique, considéré au travers de ses configurations et dynamques (réseaux sociaux, systèmes d’informations…) n’est plus seulement un outillage pour de multiples institutions, utilisé de multiples manières et à différents niveaux. Il se constitue comme institution de gouvernance à part entière (A. Rouvroy et T. Berns, 2010, 2013 ; A. Rouvroy et B. Stiegler, 2015).
L’institutionnalisation de ce phénomène installe des « techno-utopies » dans les sociétés. Or les utopies technologiques ont montré leurs limites et leurs impacts, puisque désormais l’humanité a à se soucier de préserver le vivant sur la planète (exemple : la collapsologie).
Il s’agirait de ne pas ignorer que toute perception consciente et l’interpération sont en conjonction constante avec l’emprise d’une action refoulante qui trouve sa source dans le Moi et de son attraction par les contenus de la psyché déjà refoulés, qui aménagent le rapport à la réalité dans certaines limites. L’ensevelissement de la pensée ne peut à ce titre qu’affecter plus encore le rapport aux réalités et au « réel », au point que le Moi ne parviendrait plus à distinguer ce qui est bon ou néfaste pour soi pourvu que le sujet soit inconsciemment consommateur, voire addict, indifférent à la capacité à penser par soi-même. Au point que le Moi lui-même, dont le sujet est en partie inconscient, se trouverait perverti (L. Danon-Boileau, 2017), faisant la place quasi exclusive au « moi, moi, moi… » et les formes toxiques de l’individualisme, l’exposant aux transgressions de valence négative, qui n’œuvreraient plus guère dans le rapport à autrui. L’horizon serait alors celui d’un malaise civilisationnel…. Ce colloque envisage que les recherches proposées en révèlent les indices…
Le colloque vise à questionner les phénomènes du comportement humain, des points de vue soulignés (supra) dont nous avons à prendre conscience et particulièrement les productions de la psyché parvenues au champ de la conscience phénoménale, lorsqu’ils limitent l’autonomie de la pensée. Qu’en est-il de la transformation affectant la construction de la pensée ?
La capacité d’accéder à la pensée et à la connaissance impose une coordination conférant son unité à la pensée. L’unité mentale de la pensée nécessaire à la perception de l’espace subjectif est alors susceptible de se trouver elle-même fragmentée. Par ailleurs, elle se trouve restreinte si les productions inconscientes – en première approximation définies comme non conscientes, sont ignorées du sujet – en restent à l’état de « reflets », instituant déni et dénégation… Le phénomène est largement saillant puisqu’il se manifeste désormais par le développement de la radicalité et de la violence dans les relations humaines, révélant un retour vers des oppositions absolues que les sociétés contemporaines se sont attachées historiquement à combattre… dont le manifeste est la remise en cause d’un ordre économique mondial promis pour libérer l’humanité… L’ouverture de ce sujet intéresse le management des organisations…
Différentes perspectives sont à explorer. L’appel à communications est ouvert… Mais une question se pose : Qu’est-ce qui explique ce phénomène de la déhiscence du numérique qui fait que les productions cognitives de leurs dispositifs nous envahissent et chutent ainsi dans nos cerveaux, sans que l’on se soucie des transformations affectant les impressions sensorielles et affectives à la base du développement de la capacité à penser par soi-même… Où est l’éthique ?
Le colloque a pour objet de réunir des communications proposant des évaluations de situations d’emprise et d’impact à partir desquelles il est envisagé des propositions d’actions concrètes et actionnables. Il est recommandé que les recherches valorisent des matériaux bruts ayant fait l’objet de traitements bien explicités, ainsi que les méthodes et dispositifs. L’objectif du colloque suggère que les recherches proposent des recommandations, des expérimentations et des propositions mettant en œuvre des méthodologies et des dispositifs. S’agissant d’un colloque dans le champ Psychanalyse & Management, l’éclairage des travaux par les apports de la psychanalyse est vivement recommandé, ou de disciplines connexes [sémiologie, linguistique, psychologie, sociologie…etc.] peut être envisagé dans le design de la recherche.
Comité d’organisation
Comité scientifique
PROTOCOLE DE SOUMISSION ET D’EVALUATION
PUBLICATIONS
Partners
Fondation Anthony Mainguené
Chaire UNESCO Bordeaux
Keywords
- Mots-clés