La construction de l’objet de recherche durant la thèse

Journée jeunes chercheurs

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Response type Résumé

Event type colloque

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Event place UFR STAPS de Besançon, 31 rue de L'Epitaphe , Besançon 25

Argumentaire

Cette journée d’étude a pour vocation de proposer aux doctorants issus de certaines disciplines des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, ethnologie, anthropologie, sciences de la communication), un espace de discussions et de réflexions collectives autour d’une thématique méthodologique commune : la construction de l’objet de recherche au cours de l’exercice de thèse.

« Qu’est-ce que je cherche ? » s’érige comme question introductive de toute enquête scientifique, la première que se pose tout chercheur et à laquelle il doit pouvoir répondre afin d’envisager les bases théoriques de son cheminement intellectuel. En effet, « l’objet traduit et cristallise le projet de connaissance du chercheur, son objectif » (Allard-Poesi & Maréchal, 2014 : 47). Si les ouvrages méthodologiques rappellent que l’exercice de thèse repose sur le franchissement de plusieurs étapes bien définies (Van Campenhoudt et al., 2017) et à travers lesquelles se structure la pensée scientifique, la construction de l’objet apparaît en revanche comme un processus sous-jacent plus diffus.

Quelques pistes d’appréhension de ce processus sont ici fournies par la sociologie et l’histoire.

Selon le sociologue Jean Davallon (2004), l’objet de recherche constitue le résultat d’un effort méthodologique incluant la construction de son rapport au terrain, et d’une réflexion épistémologique au cours de laquelle l’enquêteur parvient à « problématiser » ses données, lui permettant ainsi de définir le cadre théorique de son objet. Véritable prélèvement sur la réalité, l’objet de recherche se distingue de l’objet scientifique qui se présente quant à lui comme le résultat de ce processus de catégorisation scientifique des croyances et des représentations qu’il transporte initialement.

Sous un angle diachronique, « une histoire vaut ce que vaut sa question » (Prost, 1996 : 79). C’est à travers la réponse que l’historien offre à ses lecteurs, ayant fabriqué de véritables clés de compréhension, qu’il parvient à donner corps à l’objet de ses recherches. La pertinence scientifique de son travail tiendrait ainsi, principalement, à la puissance d’explication d’un récit face à ce qui, silencieux voire absent, est interrogé. Toutefois, comme le souligne Henri-Irénée Marrou (1961), c’est par le biais seulement d’une méthode d’analyse rationnelle qu’il réussit, comme il peut, à offrir un point de vue original sur la complexité des événements. En cela, poser une question légitime, c’est combler un manque ou une lacune. Or, « en lui-même, un fait n’est ni intéressant, ni le contraire » et le principal défi de l’historien est de construire son intrigue (Veyne, 2015 : 51-58). Nul doute que dans ce processus, la construction de l’objet est fondamentale.

Finalement, en histoire ou en sociologie, mais aussi sans doute dans d’autres domaines des sciences humaines et sociales, ce passage du « sens commun » au « sens scientifique » nous semble, de façon générale, difficile à effectuer, en particulier au moment de débuter ses premiers travaux de recherche. Si certaines « lois » ou méthodes accompagnent son élaboration, nous souhaitons pouvoir dépasser leur enracinement théorique (comme « allant de soi »), en se basant sur un retour d’expérience directement issu de l’exercice de thèse.

Nous sommes ainsi guidés par une volonté de découvrir comment, au cours du travail de thèse, s’établit une distinction progressive entre le thème de la recherche, le sujet et enfin l’objet. Qu’il s’agisse d’aborder les objets à partir des intuitions qui les ont initiés ou bien des difficultés liées à l’objectivation scientifique des données, cette journée doit permettre aux communicants et aux organisateurs de confronter leurs expériences. Comment appréhendez-vous ou avez-vous appréhendé la notion d’objet au cours de votre thèse ? Comment êtes-vous parvenu à construire votre objet ? Comment avez-vous réussi à modéliser et rendre intelligible vos pensées et intuitions ? Autant de questions qui rejoignent les réflexions épistémologiques déjà soulevées par Loïc Wacquant qui interroge lors de son étude ethnographique d’un apprenti boxeur « comment passer des tripes à l’intellect, de la compréhension de la chair au savoir du texte ? » (Wacquant, cité par Naudier & Simonet, 2011 : 20).

Nous invitons tous les doctorants intéressés par cet exercice d’analyse ou de modélisation du processus scientifique dans lequel ils ont inscrit leurs objets de recherche, à venir partager leur expérience. Une attention particulière prêtée aux difficultés rencontrées sera bienvenue et fournira une véritable plus-value à cette journée d’étude.

En prenant pour modèles des supports réflexifs originaux comme le podcast « Thésard-es, le podcast qui fait parler les doctorants et doctorantes en Sciences humaines et sociales » imaginé par Mathilde Le Gagneur et Jeanne Perrier, nous aimerions que cette journée puisse aider le travail de futurs doctorants ou jeunes chercheurs. Chaque communication deviendra ainsi le support d’échanges et de discussions collectives, permettant la « production » de connaissances méthodologiques et épistémologiques (les « ficelles du métier » comme les nomme Howard Becker), qui seront ensuite diffusées par le biais de publications, d’enregistrements vidéos ou radiophoniques, sur des plateformes dédiées à la recherche.

Modalités pratiques d’envoi de propositions

Un résumé de 3 000 caractères devra être envoyé avant le 31 mai 2021, sous un format PDF, à l’adresse suivante : journee-jeunes-chercheurs-c3s@univ-fcomte.fr. Vous pouvez également poser vos questions à cette même adresse.

Ce résumé devra également comprendre :

  •  un titre
  • 5 mots-clés
  • une bibliographie
  • une présentation de l’auteur

La journée d’étude se déroulera le jeudi 4 novembre 2021, en présentiel, à l’UFR STAPS de Besançon.

Format des communications

  • 10 min de présentation
  • 20 min de questions

Les propositions devront nécessairement porter sur l’expérience de thèse.

Organisateurs

  • Valérie Cruzin-Polycarpe, doctorante (C3S – EA 4660)
  • Hugo Gerville-Réache, doctorant (EHIC – EA 1087)
  • Willy Hugedet, docteur (C3S – EA 4660)
  • Orlane Messey, doctorante (C3S – EA 4660)
  • Lucas Profillet, doctorant (C3S – EA 4660)

Comité scientifique

  • Yann Descamps, Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté
  • Sébastien Haissat, Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté
  • Sébastien Laffage-Cosnier, Maître de conférences HDR à l’Université de Franche-Comté
  • Cyril Polycarpe, Maître de conférences à l’université de Franche-Comté
  • Audrey Tuaillon Demésy, Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté
  • Christian Vivier, Professeur des Universités à l’Université de Franche-Comté

Bibliographie

Allard-Poesi Florence, Maréchal Garance (2014), « Construction de l’objet de la recherche », in Méthodes de recherche en management, Thiétard R-A et al., pp. 48-76.

Beaud Michel (2006), L’art de la thèse, Paris, la Découverte.

Becker Howard (2002), Les ficelles du métier, Paris, La Découverte.

Becker Howard (2004), Écrire les sciences sociales. Commencer et terminer son article, sa thèse ou son livre, Paris, Economica.

Davallon Jean (2004), « Objet concret, objet scientifique, objet de recherche », Hermès, vol. 38, n° 1,pp. 30-37.

Marrou Henri-Irénée, « L’objet de la recherche historique », dans Samaran Charles (1961), L’histoire et ses méthodes, Paris, Gallimard, pp. 1465-1539.

Naudier Delphine et Simonet Maud (2011), Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagement, Paris, La Découverte.

Prost Antoine (1996), Douze leçons sur l’histoire, Paris, Seuil.

Van Campenhoudt Luc, Marquet Jacques et Quivy Raymond (2017), Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod.

Veyne Paul (2015), Comment on écrit l’histoire, Paris, Seuil.

Wacquant Loïc (2011), « La chair et le texte : l’ethnographie comme instrument de rupture et de construction », dans Naudier Delphine, Simonet Maud, Des sociologues sans qualités ?, pp. 201-217

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