Les communs pour penser et participer aux changements dans les secteurs de la culture, des médias et de l’information

Expected response for the 06/01/2025

Response type Résumé

Event type colloque

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Event dates
  • From at , 9H- 18H

Event place CRICIS, École de technologie supérieure de l'Université de Concordia, Montréal , Canada

Présentation du colloque

Ce colloque a pour objectif premier de mobiliser la notion de commun afin de penser et de participer aux changements dans les secteurs de la culture, des médias et de l’information dans un contexte où les enjeux écologiques, économiques, politiques, sociaux et techniques, tous indissociablement liés, renvoient aux possibilités et aux conditions d’existence sur notre planète. Ce colloque contribuera également à la décolonisation des savoirs (Mudimbe, 1988) en articulant la notion de commun avec celles de buen vivir et d’ubuntu, ainsi qu’en montrant en quoi les pratiques liées à ces notionscontribuent à favoriser des formes d’émancipation multiples (Lacroix, 2009 ; Durand-Gasselin, 2012 ; Cukier, Delmotte et Lavergne, 2013).

Commun, Buen vivir et Ubuntu : trois notions pour penser et participer aux changements

Placer le commun au cœur des changements comme nous le proposons ici, c’est faire primer les bénéfices sociaux de l’accès et de l’usage collectif à une ressource sur sa valeur marchande (Schlager et Ostrom, 1992). C’est donc subordonner ad minima le processus de marchandisation guidé par la logique de mise en valeur du capital à la logique d’une valeur d’usage collective (De Angelis et Harvie, 2014 ; Caffentzis et Federici, 2014 ; Borrits, 2018).

Porter notre attention au commun, c’est aussi nous inspirer de trois façons de le concevoir :

1. D’abord, en le considérant, à partir des travaux d’Ostrom (1990), comme un ensemble de ressources autogérées par des collectifs qui adoptent des règles de gouvernance collective de ces ressources naturelles, à commencer par l’eau.
2. ensuite en mettant l’accent sur la dimension institutionnelle du commun et la nécessité de la lutte politique pour en faire le fondement d’une nouvelle organisation sociale (Dardot et Laval, 2014), visant ainsi à éloigner le commun de toute forme de naturalisation (Madison, Frischmann et Strandburg, 2008) ;
3. enfin en considérant le commun comme un nouveau mode de production alternatif au capitalisme (Brancaccio, Giuliani et Vercellone (2021)).

Cela dit, la notion de commun étant de conception occidentale, nous devons aussi considérer d’autres façons d’envisager le vivre-ensemble produites ailleurs dans le monde et qui tiennent compte de la polyphonie des univers symboliques, des formes de socialité, des esthétiques ainsi que des épistémologies. En ce sens, nous porterons attention aux notions d’ubuntu en Afrique (Metz et Gaie, 2010 ; Kilahama, 1994 ; Kamwangamalu, 2014) et de buen vivir en Amérique latine (Acosta Espinosa, 2014), ce dernier étant un concept autochtone qui renvoie à la mise « en place des structures, des enclaves d’autogestion, liées à des communautés, […] coopérant entre elles, partout où cela est faisable, pour faire la preuve, sans attendre [qu’un autre] monde est possible. » (Ortiz, 2013).

Quatre axes de questionnements

Jusqu’à maintenant, les travaux consacrés au commun dans les secteurs de la culture, des médias et de l’information nous apparaissent avoir été abordés de façon éparse, voire peu développés au profit des communs naturels, numériques et de la connaissance (Hess et Ostrom, 2006). Nous proposons de répondre à cette observation à partir des quatre axes suivants :

(1) Le premier axe met l’accent sur les possibilités de développer des initiatives à l’échelle locale. Envisager les communs de la culture, des médias et de l’information renvoie de prime abord à l’échelle locale (Tracés, 2016). Il est question ici de pratiques ordinaires, de discours, de dimensions symboliques, d’affects, d’émergence de collectifs, de communautés, de mouvements socioculturels… autant d’agents de (trans)formation sociétale. Dans quelle mesure le théâtre de rue, les arts vivants, les radios communautaires, les journaux de quartier ou les « zones à défendre » (ZAD) relèvent du commun, du buen vivir ou de l’ubuntu ? Quels défis spécifiques ces pratiques doivent-elles relever ? Quels en sont les objectifs en termes écologiques, économiques, politiques, sociaux et techniques ?

(2) Le deuxième axe met l’accent sur la mobilisation de dispositifs sociotechniques communicationnels qui prennent une place croissante dans nos vies quotidiennes, alors qu’il est question du développement d’un « capitalisme de plateforme » (Srnicek, 2018), marqué par une gouvernance entièrement contrôlée par l’entreprise commerciale qui les détient (Fuchs, 2022). Alors que le développement de l’internet et du web relève historiquement du « bien public » (Proulx, Massit- Folléa et Conein, 2005; Hess et Ostrom, 2007; Smyrnaios, 2017; De Grosbois, 2018), à quelles conditions des plateformes peuvent-elles relever du commun, du buen-vivir ou de l’ubuntu (Guiller, 2018) ? La captation de données massives par quelques entreprises transnationales peut-elle laisser place à une politique des données relevant du commun ? Dans quelle mesure est-il pertinent de comparer ces luttes à celles menées par le passé dans le cadre des médias alternatifs (Atton, 2002, 2015, Kidd, 2003) ?

(3) Le troisième axe met l’accent sur les processus de création, de circulation et de réception ainsi que sur leurs articulations et leurs conditions de développement. Comment les notions de commun, de buen vivir et d’ubuntu et les initiatives afférentes peuvent-elles contribuer à repenser ces processus qui articulent des moments traditionnellement distincts ? Où retrouvons-nous les activités relevant du commun, du buen vivir et de l’ubuntu, dans la création audiovisuelle, dans la création musicale, dans la création sonore ou dans la production d’informations ? Les notions de commun, de buen vivir et d’ubuntu peuvent-elles aider à la formation de nouveaux modèles de financement de ces créations, voire aider à repenser la notion de service public ?

(4) Nous complétons ces trois axes avec un axe transversal fondé sur les enjeux disciplinaires et sur la question centrale de l’émancipation. Comment envisager la spécificité de l’apport des sciences de la communication (Kane, 2010 ; 2016) par rapport à celui d’autres disciplines (Fabiani, 2006) comme le droit, l’histoire, la philosophie, la science économique, la science politique, la sémiotique, la sociologie ou bien encore les sciences de l’environnement et les sciences cognitives afin de penser théoriquement commun, buen vivir et ubuntu et d’analyser les pratiques sociales concrètes ? Quelle est la pertinence d’approches interdisciplinaires, voire transdisciplinaires (Morin, 1990) sur ces questions ? Enfin, comment des notions comme le commun, le buen vivir et l’ubuntu ainsi que les pratiques sociales qui leurs sont liées, sans nécessairement s’y référer directement, peuvent-elles contribuer à favoriser diverses formes d’émancipation ?

Caractéristiques du colloque

Le colloque sera ouvert non seulement à des chercheur.se.s, mais aussi à des personnes et des collectifs qui pourront faire part de leurs objectifs, pratiques et problèmes relevant du commun, du buen vivir et de l’ubuntu, et de leurs réflexions sur les enseignements qu’ils et elles en tirent. Seront privilégiées les interventions qui accordent une place centrale aux contextes structurants tout en étant attentives aux innovations d’ordres individuel et collectif, qui conjuguent le temps présent et le temps long, les recherches macro et micro.

L’essentiel consistera donc à croiser les analyses et les expériences entre chercheur.se.s. chevronné.es, étudiant.e.s, hommes, femmes, Nords, Suds, universitaires, praticien.ne.s, etc. Nous souhaitons ainsi entamer un dialogue sur les façons dont les trois notions retenues et les pratiques qui s’en inspirent plus ou moins directement peuvent contribuer au renouvellement d’actions et de pratiques ayant une dimension sociopolitique. Les échanges prendront la forme de conférences, de tables-rondes ainsi que de séances de discussions.

In fine, le colloque sera un lieu d’échanges sur un thème qui présente une très forte pertinence sociale à une ère où nous sommes confronté.e.s à des défis d’une ampleur considérable. Des notions comme le commun, le buen vivir et l’ubuntu nous semblent susceptibles d’ouvrir vers de nouveaux possibles en vertu et à partir desquels « il soit permis de contester ou au moins de questionner “ce qui est” (une certaine organisation du travail, un modèle de la socialité, un dispositif technique, etc.) selon la perspective de sa transformation » (Guéguen, 2014, p. 265).

Étant donné l’importance de développer diverses collaborations, le colloque aura lieu principalement en présence. Il donnera lieu à l’édition de balados (podcasts) produits avant le colloque, à la diffusion de plusieurs séances en vidéo en direct (streaming), ainsi qu’à une sélection de textes regroupés sous la forme de deux ouvrages à paraître en français.

Informations pratiques

  • Le colloque, gratuit, se tiendra principalement en langue française.
  • Date-limite de réception des propositions : le lundi 6 janvier 2025
  • Contenu des propositions individuelles ou collectives : prénom(s) et nom(s), statut et organisme de rattachement, titre de la proposition, choix d’un axe, résumé comprenant entre 3000 et 4000 caractères espaces compris (éléments bibliographiques non compris) pour les propositions individuelles, entre 5000 et 6000 caractères espaces compris (éléments bibliographiques non compris) pour les propositions collectives.
  • Date d’envoi des acceptations et des refus des propositions : le lundi 3 février 2025
  • Dates de la tenue du colloque : les lundi 12, mardi 13 et mercredi 14 mai 2025

Les dates de notre colloque ont été fixées la semaine suivant la tenue du Congrès de l’ACFAS du lundi 5 au vendredi 9 mai 2025 à Montréal (École de technologie supérieure et Université Concordia) (https://www.acfas.ca/evenements/congres) de façon à permettre à celles et à ceux qui souhaitent participer en se déplaçant à Montréal de venir pour deux bonnes raisons.

Pour tout contact : centrecricis@gmail.com