Les sciences et métiers de l’information et de la communication à l’épreuve de l’intelligence artificielle

Expected response for the 20/04/2024

Response type Résumé

Event type colloque

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Event place Université Cheikh Anta Diop , Dakar , Sénégal

L’École de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD) et le Laboratoire de Recherche en Sciences de l’Information et de la Communication (LaRSIC) lancent un appel à contributions pour le colloque “Les sciences et métiers de l’information et de la communication à l’épreuve de l’intelligence artificielle qui se tiendra les 26 et 27 juillet 2024 à l’Université Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Présentation

À l’heure du Big data où les données de chacun d’entre nous, ainsi que les traces que nous laissons au cours de nos activités sur le Web sont collectées avec efficacité par les géants du Web, parler d’intelligence artificielle (IA) n’est plus une utopie. L’IA est appréhendée comme un « ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines [applications] capables de simuler l’intelligence » (Lyseggen, 2017). Plus simplement, l’IA désigne des objets techniques relativement hétéroclites (machines et programmes autonomes) qui en stimulant l’intelligence humaine, voire en la démultipliant permettraient de réaliser avec plus de célérité et beaucoup plus d’efficacité que l’humain les tâches qui lui étaient dévolues (Lecun, 2016).

L’intelligence artificielle (IA) fait partie des sujets bouleversants qui interpellent notre société contemporaine. Les techno-pessimistes prédisent que les humains seront remplacés par ces nouveaux systèmes, ce qui entrainera des pertes d’emplois et exacerbera les inégalités existantes. A l’opposé, les techno-optimistes, eux voient en l’IA une alliée dont la collaboration émancipatrice permettrait aux humains de se focaliser sur des tâches plus créatives et significatives.

Quelle que soit la perspective adoptée, force est de reconnaitre que l’IA va sans doute exercer une influence sur différents aspects de la vie, de la société, des métiers au rang desquels, ceux de l’information et de la communication.

Ce colloque international et interdisciplinaire souhaite susciter des débats et réflexions autour de l’appropriation des systèmes d’IA par les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC). Il s’agira de faire l’état des changements épistémologiques induits par l’IA dans les disciplines et champs de recherche des SIC. Il sera aussi question de dresser un panorama des usages que les professionnels de l’information et de la communication (bibliothécaires, archivistes, journalistes, muséologues, communicants, etc.) font ou pourraient faire de l’IA dans l’exercice de leur métier. Il explorera enfin les enjeux actuels et les problématiques émergentes que pose l’IA aux SIC.

 

Objectifs

Ce colloque international vise trois objectifs principaux :

  • Regrouper des chercheurs de différents pays dans le but de mettre en commun leurs expertises et leurs travaux respectifs afin de susciter des débats et des échanges d’idées autour des thèmes et objets de recherche des SIC ;
  • Assurer la diffusion des connaissances les plus actuelles sur les changements épistémologiques induits par l’IA dans les disciplines et champs de recherche des SIC, l’intégration de l’IA et ses usages dans les métiers de l’information documentaire, du journalisme et de la communication, ainsi que les défis que posent l’IA aux SIC.
  • Établir des partenariats et favoriser la collaboration à l’échelle internationale avec des chercheurs et divers intervenants dans le domaine des Sciences de l’Information et de la Communication (SIC), tant en Afrique francophone que dans d’autres régions.

Axes de réflexion

Les présentations et discussions au cours de ce colloque vont tourner autour de six thématiques qui d’une part, mettent aux prises l’IA avec l’épistémologie des SIC et les pratiques dans les métiers de la gestion documentaire et du journalisme, et d’autre part, soulèvent les enjeux éthiques et les défis technologiques que pose l’IA.

Les présentations et discussions au cours de ce colloque vont tourner autour de six axes.

Axe 1. L’IA et les paradigmes épistémologiques en SIC

Cet axe ambitionne d’explorer les implications de l’IA en tant que catalyseur d’un changement paradigmatique offrant ainsi de nouvelles perspectives pour comprendre et interpréter les dynamiques complexes en cours dans les SIC. Les questions suivantes peuvent être abordées :

  • Quelle redéfinition de la nature de l’information avec l’IA et comment impacte-t-elle les théories de l’information et de la communication traditionnelles ? Quelles nouvelles dimensions conceptuelles émergent de cette évolution ?
  • Comment les nouvelles approches méthodologiques, amenées par l’IA, sur l’exploitation des mégadonnées et l’apprentissage automatique modifient-elles la façon dont les chercheurs en SIC construisent et interprètent leurs travaux ?
  • Comment les biais algorithmiques induits par l’IA peuvent être intégrés dans une perspective épistémologique critique en SIC ?

Axe 2. L’IA et la gestion documentaire

Cet axe s’intéresse aux contributions théoriques et aux retours d’expériences sur les applications concrètes de l’IA dans le domaine de l’information et la documentation (bibliothèque, centre de documentation et service d’archives). Les propositions qui étudient la perception qu’ont les professionnels de l’information de ces systèmes ainsi que les défis qu’ils leur posent sont aussi attendus. Les questions ci-après peuvent être traitées :

  • Comment l’IA révolutionne-t-elle les pratiques et les métiers documentaires ? Quels outils pour la collecte des contenus, la gestion des collections ainsi que pour la diffusion et la valorisation des contenus ?
  • Comment envisager l’interaction entre les compétences humaines et l’intelligence artificielle dans le contexte de la gestion de l’information ? Quelles compétences sont à développer pour répondre aux nouvelles exigences de ces métiers ? Quelles offres de formation pourraient-elles se développer ?
  • Comment les professionnels de l’information documentaire appréhendent-ils l’IA ? Quels sont les défis et les enjeux soulevés par l’intégration de l’IA dans les services d’information documentaire ?

Axe 3. L’IA et la gestion du patrimoine

Avec la précision des algorithmes, l’IA ouvre de nouvelles perspectives permettant d’optimiser les processus existants, mais également d’explorer

Cet axe vise d’une part à faire état de nouvelles approches pour la conservation, la restauration, et la diffusion du patrimoine culturel et naturel. D’autre part, il souhaite évoquer de manière critique les implications multidimensionnelles de l’utilisation de l’IA dans la gestion et la sauvegarde du patrimoine en considérant les dimensions sociales, culturelles et techniques.

Les contributions aussi bien théoriques que pratiques sont attendues sur les questions :

  • Dans quelle mesure les logiciels de type reconnaissance des caractères manuscrits ou des objets, peuvent-ils faciliter les processus d’inventaire et de documentation des collections patrimoniales ?
  • Comment l’IA peut-elle être utile pour créer des expériences de valorisation du patrimoine qui soient à la fois innovantes et accessibles au grand public ? Quels sont les risques d’une dépendance excessive à la technologie dans la diffusion du patrimoine, en particulier en termes d’exclusion ou de déshumanisation de l’expérience utilisateur ?
  • Comment l’IA peut-elle aider à la restauration et à la préservation du patrimoine tout en garantissant le respect de son authenticité ? Quels sont les dilemmes éthiques associés à l’utilisation de l’IA dans la gestion du patrimoine, en particulier lorsqu’il s’agit de reconstruire des artefacts ou de restaurer des documents anciens ?
  • Comment l’IA peut-elle contribuer à la mise en œuvre de stratégies de conservation préventive, anticipant les dommages potentiels sur le long terme ? Quels sont les impacts sociaux, environnementaux associés à l’utilisation des IA dans la préservation du patrimoine ?

Axe 4. L’IA et les pratiques journalistiques

Dans cet axe, nous recherchons des contributions sur des exemples de réussite (ou pas) d’intégration de l’IA dans les pratiques journalistiques, des initiatives et plateformes de fact-checking basées sur l’IA. Nous attendons également des contributions sur les perceptions et/ou l’acceptation par les journalistes de ces systèmes dans l’exercice de leur métier. Sans être exhaustif, les questions ci-dessous peuvent être soulevées :

  • Qu’entend-on par IA dans le domaine du journalisme ? Quel est l’impact de l’IA sur les méthodes et processus de production de l’information dans les rédactions ? Quelles sont les applications concrètes de l’IA dans les pratiques journalistiques ?
  • Quels seraient le nouveau profil et les comportements des journalistes avec l’intégration de l’IA au journalisme ? Doit-on former le journaliste à coder ou à décoder ?
  • Quel est l’apport de l’IA dans la lutte contre la désinformation et les discours haineux ?
  • Comment les États, en particulier africains peuvent-ils relever les défis de la régulation de l’IA? Comment concilier liberté d’expression et IA ?

Axe 5. L’IA et les pratiques info-communicationnelles

L’IA grâce à ses algorithmes de captation des données, de classification et de hiérarchisation de l’information, ainsi que de reconnaissance vocale et d’images et de recommandation de contenus a permis le développement de systèmes de recherche d’information (SRI) de plus en plus intelligents et générative de texte dont le plus connu est ChatGPT.

Dans cet axe, nous voudrions nous interroger sur la plus-value de ces nouveaux systèmes de recherche d’information, ainsi que les nouveaux comportements et compétences informationnels des usagers. Les contributions peuvent aborder les questions ci-dessous :

  • Comment la recherche d’information se transforme-t-elle avec l’intelligence artificielle ?
  • Quel est l’impact de l’IA sur les moteurs de recherche classiques (Google, Bing, etc.) ?
  • Quels sont les intérêts et les limites des moteurs de recherche IA dans la recherche d’information ?
  • Quelle est la perception des formateurs en recherche documentaire par rapport à ces outils ? Comment enseigner la recherche d’information dans un tel contexte ?
  • Quels sont les comportements et les compétences informationnels des usagers avec ces nouvelles applications d’IA ?

Axe 6. L’IA et les enjeux éthiques et déontologiques en SIC

Les pionniers et les promoteurs des technologies d’IA soulèvent, face à leur croissance exponentielle, un certain nombre d’inquiétudes liées au remplacement potentiel de l’humain par la machine et de la disparition de l’intelligence humaine telle que nous la connaissons.

Par ailleurs, si suivant l’assertion générale, les systèmes d’IA sont objectifs parce que ne manifestant ni émotion ni sentiment (Guzman et Levi, 2020, 48), il est à souligner qu’ils intègrent en réalité une subjectivité liée aux données collectées qui servent à leur apprentissage, compromettant ainsi l’éthique dans ces processus et exacerbant les inégalités existantes.

Les contributions de cet axe pourraient s’intéresser aux questions ci-dessous :

  • Quelles sont les nouvelles formes de coopération engendrées tant entre les individus qu’entre l’IA et les humains ? Comment l’IA “désautomatise le travail humain” (Villani, 2018, p.105) afin de permettre aux individus de se consacrer à des tâches plus créatives ?
  • Comment l’IA remodélise-t-elle le travail et sa valeur dans le domaine du journalisme et de la gestion de l’information ? Y a-t-il des risques éthiques pour les journalistes à recourir aux différents outils offerts par l’IA, à puiser dans les mégadonnées recueillies par les géants du Web (Big data) ou par les pouvoirs publics (open data) ? Quelle est le rôle éthique des professionnels de l’information dans la collecte ?
  • Comment les biais algorithmiques induits par les IA impactent-ils l’efficacité de la collecte des données et la fiabilité dans leur traitement ? Quels dispositifs mettre en place pour « débiaiser » les systèmes d’IA tout en améliorant l’efficacité de leurs usages ? Quels rôles le professionnel de l’information et de documentation peut jouer dans la constitution de jeu de données dans le respect de l’éthique de la collecte ?