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Event place Campus Bordeaux Pey-Berland, 35 place Pey-Berland , Bordeaux 33, France
Argumentaire
La notion de « post-vérité » a été popularisée en 2016, année marquée par le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Cette année-là, le concept de post-truth a été élu mot de l’année par le dictionnaire Oxford et celui de postfaktisch (post-factuel) par la Gesellschaft für deutsche Sprache (Association pour la langue allemande).
La notion de « post-vérité » n’est pas facile à définir. Elle désigne une configuration politique et médiatique dans laquelle la crédibilité d’un discours repose moins sur son adéquation aux faits que sur sa correspondance avec les croyances et les pulsions émotives d’une partie de l’opinion publique, sur fond de méfiance diffuse envers les élites et les institutions établies. Elle peut cependant aussi renvoyer, dans une perspective plus critique, à une déconstruction historique ou sociologique des pouvoirs déguisés en savoirs, ce qui empêche, parlant de la relation de la science et de la « post-vérité », de tomber dans une dichotomie facile du combat de la vérité contre l’erreur. L’histoire de la science montre que celle-ci a été jonchée d’errements et d’aberrations et que le devoir de réflexivité ne doit pas échapper aux chercheurs eux-mêmes.
Pour expliquer l’avènement d’une ère de la post-vérité, certains accusent le développement des flux d’informations numériques, circulant sans la régulation d’intermédiaires, la fragmentation de la polis en entités plus ou moins étanches et le désintérêt pour des enjeux sociaux et politiques de plus en plus abscons, voire occultes. Mais peu importe les facteurs en jeu, il est clair que la recherche scientifique, qui ambitionne de produire des résultats reproductibles et réfutables, se trouve généralement dénigrée par la montée du post-factualisme. Cette dévalorisation est paradoxale dans la mesure où les innovations technologiques produites par les chercheurs sont régulièrement mobilisées par ceux-là même qui les accusent de faire partie des « élites déconnectées du réel », méprisant le « peuple » et tentant de lui imposer un discours basé sur la « rectitude politique » et/ou la suprématie d’un groupe dominant.
Le présent colloque a pour but de faire un état des lieux de la crédibilité de la recherche scientifique dans le monde actuel, en comparant les disciplines (sciences dures, sciences médicales, sciences humaines et sociales, humanités…) mais aussi les aires géographiques (Europe, Amérique du Nord) et des contextes (routines et situations de crise telle que celle vécue en 2020 en lien avec le Covid-19). Nous souhaitons réunir des contributions de chercheuses et chercheurs confirmés autour des questions suivantes :
- La notion de post-vérité est-elle pertinente ? Est-elle elle-même une construction médiatique ? D’autres concepts sont-ils plus adéquats pour circonscrire les phénomènes d’anti-intellectualisme actuels ? Peut-on relativiser la nouveauté de l’ère de la post-vérité en explorant les recours aux « faits alternatifs » dans le passé ?
- Quels facteurs expliquent la crise, si crise il y a, du discours scientifique ? Les recherches universitaires peuvent-elles prêter le flanc à la critique d’une déconnexion du réel ? L’ère de la « post-vérité » profite-elle de l’isolement des chercheurs dans leur « tour d’ivoire » ?
- Quels acteurs favorisent ou nuisent à la montée de la « post-vérité » : lobbys, médias, think tanks, système éducatif, etc. ?
- Quel rapport d’intervention au réel l’ère de la post-vérité dessine-t-elle ? Comment ses registres et médias d’expression relèvent-ils d’une construction sociale du réel, et du vrai ? De/sur quel pouvoir instituant ces constructions peuvent-elles se réclamer/s’appuyer ? Comment en retour ces déplacements affectent-t-ils les modes d’affirmation de la démonstration scientifique ?
- Quels domaines résistent le mieux à la post-vérité ? Qu’est-ce qui « passe » et ne « passe » pas de la science à la société ?
- Quels outils peut apporter la science, quelles garanties peut apporter la recherche scientifique, la formation et l’éducation pour lutter contre les contre-vérités ?
Modalités de contribution
Votre proposition doit être déposée sur le site du colloque avant le 15 février 2021.
Pour cela vous devez avoir un compte Sciencesconf, HAL ou EPISCIENCES
Si vous n’en avez pas, vous pouvez en créer un :
- Soit sur la plateforme : https://www.sciencesconf.org/user/createaccount .
- Soit sur le site de la conférence via le bouton « Connexion ».
Dans les deux cas, vous recevrez un mail avec un lien vous permettant de valider la création de votre compte.
Votre proposition doit être rédigée à partir du modèle suivant.
- 15 février 2021 : Envoi des propositions via le le site dédié du colloque. Les propositions comprendront un titre, un résumé détaillé de la communication, et une courte notice bio-bibliographique.
- 15 avril 2021 : Notifications d’acceptation après un processus d’évaluation conduit avec l’aide des membres du comité scientifique.
- 5 et 6 octobre 2021 : colloque international sur le campus de Bordeaux. Le transport et l’hébergement sont à la charge des participants. La restauration sur place est assurée par les organisateurs.
- 20 décembre 2021 : remise des textes sélectionnés pour la publication.
Les chercheuses et chercheurs qui proposent une communication s’engagent à ce qu’elle puisse être publiable selon le calendrier défini ci-dessus. Les propositions qui n’auraient pu être retenues faute de place pourraient faire l’objet d’une publication dans l’un des projets éditoriaux liés au colloque.
Évaluation
La sélection se fera selon les critères suivants :
- Adéquation de la proposition aux problématiques du colloque
- Clarté de la proposition et accessibilité à un public divers (académique, dans toute la diversité des disciplines, et non-académique)
- Équilibre entre les champs disciplinaires et les différentes questions soulevées par le colloque
Contacts
– Charles Mercier (aspects scientifiques) : charles.mercier@u-bordeaux.fr
– Claudia Boursier (aspects organisationnels) : claudia.boursier@u-bordeaux.fr
Comité d’organisation
- Nathalie Blanc-Noël, maîtresse de conférences HDR en science politique, Université de Bordeaux (IRM)
- Claudia Boursier, assistante à la recherche, Service RI/Recherche de l’INSPE de l’académie de Bordeaux
- Régis Malet, professeur des universités en sciences de l’éducation, Université de Bordeaux (LACES), IUF
- Charles Mercier, maître de conférences HDR en histoire contemporaine, Université de Bordeaux (LACES), IUF
- Lise Monneraud, chargée d’animation scientifique, Université de Bordeaux
- Marie Christine Rousset, professeure des universités en informatique, Université Grenoble-Alpes (LIG), IUF
- Tiphaine Sales, responsable du Service RI/Recherche de l’INSPE de l’académie de Bordeaux
- Jean-Philippe Warren, professeur de sociologie, Université Concordia, Montréal, Canada.
Comité scientifique
- Frédéric Boutoulle, professeur d’histoire médiévale, Université de Bordeaux Montaigne (Ausonius)
- Yves Déloye, professeur de science politique, directeur de Sciences Po Bordeaux, Sciences Po Bordeaux (CED), IUF (h)
- François Dubet, professeur émérite de sociologie, Université de Bordeaux (CED), IUF (h)
- Mathilde Husky, professeure de psychologie clinique, Université de Bordeaux (Laboratoire de psychologie), IUF
- Laurence Kotobi, maîtresse de conférences HDR en anthropologie de la santé, Université de Bordeaux (U.1219 Bordeaux population Health research center)
- Anne Lehmans, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication, Université de Bordeaux (IMS)
- Corine Mathonière, professeure des universités en chimie, Université de Bordeaux (ICMCB) IUF (h).
- Bruno Maureille, directeur de recherches au CNRS section « Préhistoire et protohistoire », Université de Bordeaux (PACEA)