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Résumé
La notion de proximité implique une idée de distance immédiate et rapprochée qui peut être de différentes natures : spatiale, temporelle, sociale, numérique. Cependant, la présence d’un intermédiaire, d’un médiateur, implique un éloignement par rapport à « l’objet de proximité ». La question se pose alors : ce processus de mise à distance conserve-t-il intacte la situation/la chose telle qu’elle est dans son existence de proximité ? Cette médiation lui apporte-t-elle ou lui retire-t-elle son authenticité ? La dénaturerait-elle ? Comment la dialectique entre les deux notions façonne-t-elle notre société et/ou l’individu ? Afin de mieux cerner la relation entre proximité et médiation, nous sollicitons des propositions de communication de différents domaines scientifiques. Cette approche pluridisciplinaire sera l’occasion de revisiter les effets de la médiation dans son rapport à la proximité et ce à la lumière de différentes théories et méthodologies.
Annonce
L’épidémie de Covid-19 a plongé le monde dans une période où la proximité est devenue dangereuse tout en restant indispensable à notre équilibre. Face aux restrictions imposées aux rapprochements entre les individus, nous avons trouvé et inventé des moyens de conserver cette proximité avec les autres. Les séances de conversation vidéo sont devenues le relais de nos échanges sociaux et professionnels. La proximité s’envisage donc par procuration. Dans ce cas, un médiateur s’interpose entre les individus. Cette relation médiatisée ici par la technologie n’est pas un cas de figure isolé et n’a pas attendu l’épidémie pour se manifester ; nombreuses sont les situations dans lesquelles la proximité est devenue possible ou facilitée par l’intermédiaire de différents moyens de médiation.
Ainsi, dans les régimes démocratiques, l’expression de la parole du peuple est garante du pouvoir démocratique. La chose politique est confiée par mandat à un intermédiaire responsable de représenter et de défendre les intérêts des citoyens. Or, malgré ce système de représentation, il semble que les citoyens ne se sentent plus en proximité avec leurs élus et avec la politique en général.
Pierre Rosanvallon (La légitimité démocratique. Impartialité, réflexivité, proximité, 2008) nous met en garde contre « l’illusion électorale ». Selon lui, l’élection ne garantit pas qu’un groupe de représentants soit au service de l’intérêt général, d’où un désengagement, voire un désenchantement, ressenti par rapport à la chose politique. Il y a selon lui « un vrai besoin d’appropriation de la vie politique par tous », un besoin de proximité qui mènerait, semble-t-il, à un gain de démocratie. En résumé : « plus près, c’est mieux ».
Cependant, Michel Autès (Proximité et démocratie, 2005) avait montré, quant à lui, les limites de cette approche fondée sur la démocratie de proximité : « il n’est pas automatique qu’ “ être plus près ” entraîne plus de démocratie » et parfois l’effet inverse se produit ; le pouvoir local peut être plus « inquisiteur, porteur de potentialités totalitaires ».
Que ce soit « au plus près » ou non, la médiation est toujours présente (même le conseil de quartier est un organe représentatif). Elle porte en elle une contradiction difficile à résoudre : elle serait à la fois un vecteur de la démocratie et une menace pour cette dernière. Pour trancher le nœud gordien, il s’agirait de supprimer toute médiation. Mais est-ce possible ? Existe-t-il des situations de proximité sans intermédiaire ?
La question de la proximité par procuration passe par la représentation (celle du peuple, des citoyens, des habitants […] par un élu, une personne mandatée, un délégué, etc.). L’anthropologue, Marc Abélès (Anthropologie de l’Etat, 1990), établit un lien entre représentation politique et représentation du politique, avec la mise en scène comme vecteur entre les deux. Le personnage politique use de stratégies rhétoriques, de mises en scène comme moyens de persuasion (voire de séduction) réduisant ainsi la distance entre les citoyens-électeurs et le politique.
La question de la médiation par la représentation se retrouve dans beaucoup d’autres domaines que celui de la politique. Dès lors qu’il y a représentation ou reproduction, un intermédiaire est nécessaire. Il s’agit du même processus avec l’intervention de relais via les différents moyens de communication pendant l’épidémie. On le voit, la question de la médiation concerne beaucoup de champs et de domaines tels que la sociologie, la science politique, l’histoire, la géographie, la psychologie, la littérature, l’information et la communication, l’anthropologie, etc.
Dans tous les cas, la notion de proximité implique une idée de distance immédiate et rapprochée qui peut être de différentes natures : spatiale, temporelle, sociale, numérique. Cependant, la présence d’un intermédiaire, d’un médiateur, implique un éloignement par rapport à « l’objet de proximité ». La question se pose alors : ce processus de mise à distance conserve-t-il intacte la situation/la chose telle qu’elle est dans son existence de proximité ? Cette médiation lui apporte-t-elle ou lui retire-t-elle son authenticité ? La dénaturerait-elle ? Comment la dialectique entre les deux notions façonne-t-elle notre société et/ou l’individu ?
Afin de mieux cerner la relation entre proximité et médiation, nous sollicitons des propositions de communication de différents domaines scientifiques. Cette approche pluridisciplinaire sera l’occasion de revisiter les effets de la médiation dans son rapport à la proximité et ce à la lumière de différentes théories et méthodologies.
Les axes proposés pour l’étude de ce sujet sont les suivants :
AXE 1 : Science politique – Histoire – Civilisation
- Quel(s) rôle(s) jouent les corps intermédiaires d’un point de vue socio-politique (médiation institutionnelle, les syndicats, les partis politiques…) ?
- Quels sont les effets des différentes formes de médiation politique (comme la rhétorique, les médias, le marketing politique…) ?
- Comment les médiations réduisent-elles (ou non) les distances socio-culturelles entre différentes zones géographiques ?
AXE 2 : Information-communication – Informations, médiatisations et approches techniques
- Comment appréhender la dialectique proximité-médiation à travers les pratiques de sociabilité numérique ?
- Désinformations (crise de confiance et fake news) : quels sont les acteurs et relais de la médiation des savoirs dans les communautés numériques ?
- Quels sont les enjeux de la médiation journalistique ?
- Peut-on parler de proximité à travers la place et les usages de l’intelligence artificielle et de l’assistance intelligente ?
AXE 3 : Sociologie – Texte et image
- Quelle est la nature et les effets de la médiation sur la relation entre l’individuel et le collectif, ou entre deux individus ?
- Existe-il des situations de médiation consentie, imposée ou aliénante ?
- Quelle est la fonction du texte ou de la narration en que médiateur ?
- En quoi la représentation rend possible ou au contraire trahit le réel ?
- En quoi les représentations culturelles servent-elles de relai de proximité ?
Les indications ci-dessus ne sont que des pistes de réflexion et ne sont en aucun cas limitatives.
Modalités de contribution
Les propositions d’environ 300 mots (hors bibliographie), pour des communications de 30 minutes, sont attendues jusqu’au 22 février 2021. (prolongé au 22 mars)
Elles doivent être envoyées aux deux adresses suivantes : stephane.revillet@u-bourgogne.fr et tristan.Lefort@u-bourgogne.fr. Les communications se feront prioritairement en français, mais les interventions en anglais seront également acceptées.
Comité d’organisation
- Stéphane Revillet
- Tristan Lefort
Comité scientifique
- Agnès Alexandre-Collier
- Dominique Andolfatto
- Henri Garric
- Cyril Masselot
Partners
CIMEOS
CIMEOS
TIL – Centre Interlangues – Texte, Image, Langage
TIL
Ecole Doctorale Lettres, communication, langues, art
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