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Event place Institut Catholique de Paris, 74, rue de Vaugirard , Paris 75006, France
Comme le souligne Yves Citton, la production d’information est une arme politique en ce que les médias définissent à la fois « ce dont on parle » et « ce qui importe » (Citton, 2014). Cette sélection dans le réel des objets et des sujets à mettre en visibilité se double d’un pouvoir de qualification du réel qui est ici au cœur de notre questionnement. En effet, en interrogeant conjointement “violences” et “médias”, ce colloque souhaite étudier la manière dont les représentations médiatiques de la violence sont à la fois dépendantes de visions morales, politiques et sociales, tout en étant elles-mêmes des leviers de violences symboliques.
De nombreuses études se sont déjà interrogées sur les effets, qualifiés de directs et mécaniques, de la violence des images médiatiques sur les comportements des individus, en particulier des plus jeunes. Notre approche ne reviendra pas sur cette question des effets et privilégiera ainsi l’étude des modalités de représentation et de construction sociale de la violence dans les médias. Ce questionnement général se développera autour de trois axes principaux de travail.
Axe 1- Herméneutique de la violence dans les médias
Cet axe vise à questionner l’incertitude autour de ce qui est considéré comme violent dans nos médias. Il propose notamment d’interroger les luttes de qualification de ce qui fait violence aujourd’hui, selon les sensibilités culturelles et sociales contemporaines.
Qu’est-ce qui est qualifié de violent et au nom de quels critères (moraux, politiques, éthiques…) ? Quelles sont les violences montrables/dicibles ? Quelles formes sémiotiques prennent-elles selon les différents supports et quelles retombées symboliques peuvent être envisagées en fonction de la matérialité des supports ?
Axe 2- Stigmatisation et invisibilisation de la violence dans les médias
Cet axe explore dans quelles mesures les productions médiatiques génèrent des violences symboliques et travaillent nos imaginaires politiques et sociaux.
Tout d’abord, de par la sélection des sujets qui font l’objet d’une médiatisation : pourquoi et comment certaines souffrances sont reconnues et d’autres invisibilisées? Comment cette sélection de ce qui fait événement donne une certaine image de notre société ? D’autre part, la violence symbolique se loge également dans l’écriture médiatique : dans la manière de donner la parole à certains citoyens, d’employer certains mots qui stigmatisent, excluent (« ensauvagement ») ou qui minimisent certains phénomènes de violence vécus (ex : « Crime passionnel » vs « féminicide »).
Axe 3- Les dispositifs médiatiques : entre régulation et incitation à la violence
Cet axe se centre à la fois sur la violence du dispositif médiatique lui-même et sur la manière dont les médias, tout en autorisant et facilitant cette violence, tentent de la cadrer.
Comment les réseaux sociaux induisent, cadrent ou régulent les violences verbales et symboliques en ligne (phénomènes de harcèlement en ligne, injonctions à entrer dans une norme etc.) ?
Le déclin de la parole publique et politique contemporaine se caractérise par la culture du clash, les polémiques autour de petites phrases qui dénaturent le débat démocratique. Dans quelle mesure et comment les dispositifs médiatiques prennent-ils part à cette crise démocratique et rhétorique, à la fragmentation de l’espace public, à la brutalisation du débat public ?
Enfin, se posera la question de la difficulté à mettre en place une régulation des messages violents, notamment sur les dispositifs numériques.
Propositions de communication
Les propositions de communication s’inscriront dans un des 3 axes du colloque. Elles seront rédigées en français et feront 1500 signes espaces compris maximum. Chaque proposition sera accompagnée, à la suite et dans le même document (.pdf), de quelques références bibliographiques et d’une bio-bibliographie de 5 lignes maximum. Elles seront adressées à Michaël Bourgatte (m.bourgatte@icp.fr) au plus tard le lundi 4 avril. Le retour des évaluations se fera le lundi 25 avril.
Informations générales
- Date limite d’envoi des propositions (1500 signes espaces compris en .pdf avec références bibliographiques et une courte biographie de 5 lignes) : 4 avril 2022.
- Retour des évaluations : 25 avril 2022.
- Colloque les mercredi 1er et jeudi 2 juin 2022 à l’Institut Catholique de Paris (74, rue de Vaugirard 75006 Paris).
Repères bibliographiques
- AMBROISE-RENDU, Anne-Claude, Peurs privées, angoisses publiques, Larousse, 2001.
- AMOSSY, Ruth, Apologie de la polémique. Paris : PUF, 2014.
- AUGÉ, Marc, Nouvelles peurs, Manuels Payot, 2013.
- BOLTANSKI, Luc (dir.), La souffrance à distance. Morale humanitaire, médias et politique, Gallimard, 2007 (1993).
- CRETTIEZ, Xavier, Les formes de la violence, La découverte, 2008.
- DAYAN, Daniel (dir.), La terreur spectacle. Terrorisme et télévision, De Boeck, 2006.
- GARCIN-MARROU, Isabelle, Des violences et des médias, L’Harmattan, 2007.
- KALIFA, Dominique, L’encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Fayard, 1995.
- LARDELLIER, Pascal, Violences médiatiques. Contenus, dispositifs, effets, L’Harmattan, 2003.
- LEFÉBURE, Pierre et SÉCAIL, Claire, Le défi Charlie. Les médias à l’épreuve des attentats, Lemieux Éditeur, 2016.
- MOÏSE C., AUGER N., FRACCHIOLLA B., ROMAIN C., La Violence verbale. Espaces politiques et médiatiques. Tome 1. Paris : L’Harmattan, 2008.
- RIMÉ, Bernard, Le partage social des émotions, Quadrige PUF, 2005.
- SÉCAIL, Claire, Le crime à l’écran. Le fait divers criminel à la télévision française (1950-2010), Nouveau Monde éditions, 2010.
Composition du comité scientifique international
- Juliette Charbonneaux (Sorbonne Université, France)
- Bénédicte Chéron (ICP, France)
- Pénélope Daignault (Université Laval, Québec)
- Clélie Millner (ICP, France)
- Gabriela Motoi (Université de Craiova, Roumanie)
- Luciana Radut-Gaghi (Cergy Paris Université, France)
- Michaël Bourgatte (ICP, France)
- Baptiste Campion (UCLouvain, Belgique)
- Olivier Champagne-Poirier (Université de Sherbrooke, Québec)
- Gustavo Gomez Mejia (Université de Tours, France)
- Romain Huet (Université de Rennes 2, France)
- Laurent Tessier (ICP, France)
Comité d’organisation :
- Bérénice Mariau (ICP, France)
- Lucie Raymond (ICP, France)
- Gaëlle Rony (ICP, France)
- Mathieu Bazin (ICP, France)
- Michaël Bourgatte (ICP, France)