Humanités numériques

Numérisation du patrimoine et modélisation des connaissances

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Ce numéro porte sur la modélisation des connaissances dans le cadre de la numérisation du patrimoine (Web sémantique et 3D). Initié par des membres de la communauté scientifique travaillant sur ces questions, il vise, d’une part, à établir un état des lieux, d’autre part, à mettre en discussion les questions novatrices propres à ce domaine. Sa préparation est l’occasion de favoriser la structuration d’une communauté scientifique large : en mettant l’accent sur des travaux collaboratifs interdisciplinaires qui impliquent à la fois les sciences humaines et sociales et l’informatique, il s’agit de développer des liens, voire de les créer, au sein des communautés francophones de divers pays et continents.

L’articulation entre numérique et patrimoine concerne actuellement plusieurs infrastructures, consortiums et groupements de recherche – citons à titre d’exemples Huma-Num, MASA, 3D-SHS, ARIADNEplus, Symogih.org, Data for History, DARIAH, Daliah, Parthenos, ainsi que les projets ANR ReSeed, Lab In Virtuo et Patrimaths – qui ont mené ou mènent des travaux dans le champ du patrimoine. Leur ambition commune est d’interroger la nature du lien entre le numérique et le patrimoine, lien qui dépend fortement des types d’usages envisagés et des technologies associées.

D’un côté, la numérisation d’archives opérée à très grande échelle se caractérise désormais par l’accès à une quantité d’informations considérable, au-delà de la préservation des documents. Elle se traduit aussi par la nécessité, pour l’ensemble des acteurs concernés, de développer et de mobiliser des méthodes spécifiques permettant de collecter, organiser, partager et traiter les données. Au cœur de ces méthodes, la modélisation des connaissances doit assurer l’interopérabilité et la réutilisabilité, notamment dans une stratégie numérique de science ouverte. Les travaux de la communauté CIDOC-CRM, du consortium Data for History et du projet Symogih.org en sont de bonnes illustrations.

Par ailleurs, la restitution d’artefacts et d’environnements complexes s’inscrit dans une dynamique plus ancienne, où l’archéologie était pionnière. Elle recourt à des technologies 3D et de réalité virtuelle ou augmentée, issues notamment des sciences pour l’ingénieur et mises en œuvre par exemple dans les consortiums 3D SHS et MASA au sein d’Huma-Num ou dans les projets ReSeed et Lab In Virtuo. Ces nouvelles possibilités imposent, à chaque étape, d’être en mesure de documenter les choix effectués, comme la description des objets, des acteurs mobilisés ou des usages, d’assurer une interopérabilité technologique pérenne et de questionner le type d’approche de SHS que convoque l’élaboration de l’outil ou qu’il permettra de produire (par exemple, l’étude des lieux de savoirs à travers les méthodes de conservation du patrimoine).

Ces perspectives ouvrent une assez grande diversité de questionnements :

  • Quelles modélisations des connaissances (ontologie, 3D, réalité virtuelle) pour décrire, partager, réutiliser, rendre interopérables les données collectées ou produites par les différents types d’acteurs (chercheurs, professionnels du patrimoine ou autres) ? Comment les articuler, les faire dialoguer ?

  • Quels sont les domaines d’application et les limites de ces modèles ? Quels sont ou quels devraient être, selon les attendus et les contextes d’étude, leurs niveaux de description ou de détail ? En quoi ces modèles constituent-ils des heuristiques pour produire des savoirs en SHS et en informatique ? Comment objectiver les savoirs construits ou mobilisés ?

  • En quoi ces pratiques interdisciplinaires ont-elles un impact épistémologique pour les acteurs des différents domaines métiers (SHS, informatique, patrimoine, etc.) ?

  • Comment comprendre et décrire ce qui se joue en termes d’interdisciplinarité, voire de transdisciplinarité ?

  • Quelles sont les questions vives ou émergentes à partager et travailler au sein d’une communauté enracinée dans les SHS, les STICC et l’étude ou la conservation du patrimoine ?

  • Comment permettre aux chercheurs ou aux laboratoires isolés d’accéder aux moyens technologiques et aux ressources humaines nécessaires pour initier et conduire des travaux concernant la modélisation des connaissances ?

  • Comment diffuser les pratiques et les savoirs dans l’ensemble des continents où des communautés francophones sont actives ?

Dans le cas de laboratoires, consortiums ou chercheurs impliqués de longue date dans des projets de ce genre, nous espérons des contributions collectives offrant des synthèses sur les points suggérés ci-dessus ou des réponses à ces questions. Il sera particulièrement bienvenu de s’appuyer sur plusieurs projets, dans un processus d’écriture collaborative ou interdisciplinaire fondé sur la confrontation des expériences.

Par ailleurs, nous sommes intéressés par des travaux menés dans les milieux de recherche francophones de tous les pays et continents, en particulier hors de France et d’Europe, afin de renforcer les réseaux où se développent ces pratiques et questionnements.

Les auteurs et autrices qui souhaitent contribuer sont invités à soumettre leurs propositions sous la forme d’articles complets pour le 1er juin 2022 au plus tard, sur le site OJS de la revue : http://revue-humanites-numeriques.humanisti.ca.

Nous vous invitons à ne pas aller au-delà de la limite courante de 50 000 signes, espaces et notes comprises, en privilégiant la concision, la pertinence et la densité du propos. Les fichiers transmis doivent être au format ODT ou DOCX.

Veuillez respecter les instructions aux auteurs détaillées sur le site de la revue, afin de garantir une évaluation plus efficace et une meilleure préparation des textes. Toutes les contributions feront l’objet d’une évaluation, sous la coordination des éditeurs invités et dans le cadre de la procédure exposée dans nos instructions. Les auteurs conservent leurs droits sur les textes, qui sont publiés sous la licence Creative Commons Attribution. Les politiques de publication de la revue sont indiquées en ligne, dans la page consacrée à la science ouverte.

Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter les éditeurs invités de ce numéro : Sylvain Laubé (sylvain.laube@univ-brest.fr), Florent Laroche (florent.laroche@ec-nantes.fr), Muriel Guedj (muriel.guedj@umontpellier.fr), Jean-Louis Kerouanton (jean-louis.kerouanton@univ-nantes.fr) et Livio De Luca (livio.deluca@map.cnrs.fr). Le comité de direction d’Humanités numériques reste bien sûr à votre disposition (revue-humanites-numeriques@humanisti.ca).

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