- From at , 8h30-18h00
Event place Campus Méliès, 214 Avenue Francis Tonner , Cannes La Bocca 06150, France
Programme
8h30 Accueil des participants
9h00 Quelques mots introductifs
9h15 Intervention de Samuel Zarka (Université d’Angers / CEET-CNAM)
« Production exécutive et direction de production : deux fonctions charnières dans le déploiement de productions internationales en France ? »
Ces dernières années ont été marquées par un accroissement de la production audiovisuelle d’initiative étrangère en France. Si la réévaluation du crédit d’impôt international (C2I) depuis 2016 a soutenu ce mouvement, celui-ci implique néanmoins de mobiliser une multitude de ressources matérielles et sociales territorialisées, permettant d’assurer le déroulement des projets jusqu’à leur terme. Ce constat justifie d’interroger les modalités d’articulation entre la demande des donneurs d’ordre et le tissu productif local. A cette fin, nous nous intéresserons en particulier aux fonctions, basées dans le pays d’accueil, de producteur et productrice exécutif·ve et de directeur et directrice de production : en observant les tournages d’initiative étrangère en France depuis leur position respective, nous pourrons questionner le lien qu’ils et elles assurent entre les diffuseurs (notamment les plateformes de streaming) et les équipes et prestataires locaux, leur contribution à l’ajustement des pratiques professionnelles et des codes culturels issus de différents pays, enfin leur capacité à stabiliser des réseaux professionnels transnationaux. Se frayer un chemin dans ce réaménagement des coordinations productives sera finalement l’occasion d’interroger la portée de plusieurs concepts issus de la tradition sociologique, tels que celui de « capital d’autochtonie » (Renahy), de « marginal sécant » (Crozier) et d’ « ordre social négocié » (Strauss).
Samuel Zarka, enseignant chercheur en sociologie à l’Université d’Angers, affilié au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET-CNAM). Auteur de la thèse : L’équipe de cinéma : Genèse et portée de la qualification du travail dans la production cinématographique (1895-2018), CNAM, Paris, 2019. Dernière publication : « Quand les plateformes s’emparent de l’audiovisuel français. Une redéfinition des modalités auctoriales et productives ». Revue française de socio-économie, La Découverte, Paris (à paraître).
10h15 Intervention de Caroline Renouard (Université de Lorraine / 2L2S)
« La production des effets visuels (VFX) en contexte transnational »
Si le métier de superviseur VFX a déjà fait l’objet de plusieurs études universitaires, celui de son binôme, le producteur VFX (ou directeur de production VFX), reste encore bien opaque. Il est donc nécessaire de mettre en lumière ce professionnel pour en comprendre les spécificités, et d’observer plus spécifiquement les rapports qu’il entretient avec le superviseur VFX, les directeurs de production et de postproduction et les producteurs exécutifs de films et de séries télévisées. Mais, au-delà de l’analyse du métier de producteur VFX en lui-même, cette intervention a aussi l’intention de resituer dans son contexte transnational toute la production française des effets visuels depuis une quinzaine d’années et le rôle des studios VFX français, souvent associé comme producteur exécutif, dans les projets internationaux de films et de séries télévisées. Dans quelle mesure les studios français se sont-ils développés grâce aux enjeux transnationaux, notamment à Montréal et en Belgique ? Comment, à l’heure du crédit d’impôt international pour les prestations de VFX (qui permet à un producteur non-français de bénéficier de 30%, voire de 40%, de crédit d’impôt sur les dépenses VFX effectuées avec un studio français), les sociétés françaises d’effets visuels deviennent aussi productrices exécutives, pour accompagner les projets internationaux dans le développement de leur projet en France ?
Caroline Renouard est maîtresse de conférences à l’Université de Lorraine, au sein du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S) à Metz. Elle codirige la licence Arts du spectacle. Ses travaux de recherche portent notamment sur l’histoire, l’esthétique et les métiers des effets spéciaux visuels. Avec Réjane Hamus-Vallée, elle a codirigé le no 155 de CinémAction « Les métiers du cinéma à l’ère du numérique » (mai 2015), publié Superviseur des effets visuels pour le cinéma (Eyrolles, 2015) et Les Effets spéciaux au cinéma, 120 ans de création en France et dans le monde (Armand Colin, 2018). Elle a codirigé, avec Katalin Pór, l’ouvrage L’Équipe de film au travail. Créations artistiques et cadres industriels (éditions de l’AFRHC, 2022).
10h45 Pause
11h00 Table-ronde animée par Ana Vinuela :
« Les défis du tournage et de la post-production en contexte transnational »
Intervenants : Isabelle Morax et Daniel Delume
Isabelle Morax est directrice de post-production, membre de l’ADPP. Après des études de cinéma, de sciences politiques, et de droit et économie de l’audiovisuel, elle découvre le métier de directeur de post-production en 1994 sur La Cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet, et le pratique depuis, à la fois en long métrage mais aussi en publicité, documentaire et série, avec des réalisateurs comme Cédric Klapisch, Atiq Rahimi, Fabrice Gobert, Marc Fitoussi ou Frédéric Beigbeder.
Après des études à Paris 3 et au Conservatoire Libre du Cinéma Français, Daniel Delume commence à travailler en tant qu’assistant de casting et de réalisation. En 1991 débute sa carrière comme producteur exécutif et directeur de production dans plus de 40 films et séries audiovisuelles qui ont été tournés en France, États-Unis, Canada, Hongrie, Israël, Géorgie, République Dominicaine, Ukraine, Maroc, Rwanda, Inde, Espagne, Polynésie Française, Royaume-Uni, Belgique et Luxembourg. Il est membre de l’Académie des Césars et chargé de cours à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.
12h30 Pause déjeuner
14h00 Table ronde animée par Cyril Laverger :
« Les défis du tournage en région PACA en contexte national et transnational »
Intervenants : Sébastien Aubert (Adastra Films), Frédéric Bovis (Kanzaman Films), Leslie Jacob (Adastra Films), Faramarz Khalaj (Torelor Films), Mathieu Rubin (Sazia Films)
Sébastien Aubert cofonde la société Adastra Films à Cannes, à l’âge de 24 ans. Il commence sa carrière en produisant plusieurs courts métrages remarqués par leurs sélections à Sundance ou leurs diffusions sur France Télévisions. En 2014, son premier long métrage Brides remporte un Prix du Public au festival de Berlin. La même année, il remporte le Prix Jeune Producteur de France Télévisions. En 2015, lors du Festival de Cannes, il est cité parmi les « 25 futurs leaders de la production » par le magazine Screen International. L’année suivante, il convainc Netflix de s’ouvrir au format court : les premiers courts métrages de la plateforme seront des films du catalogue d’Adastra Films. Il a depuis produit quatre autres longs métrages, en coproduction avec les États-Unis (The Strange Ones et LaRoy), le Mexique (Domingo), ou encore la Finlande (Pulse). Ses longs métrages ont été sélectionnés dans les festivals les plus reconnus tels que Toronto, Tribeca ou encore South by Southwest. Frédéric Bovis a passé une partie de sa vie en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti et en Afrique. À l’âge de 17 ans il est venu s’installer en France. Il commence travailler dans l’industrie cinématographique en 1982. Il est co-fondateur de KanZaman Monaco, en 1993, et Directeur de production de Kanzaman France. Il est l’auteur de deux livres : La Trace et Le Signe de l’archange. Après une licence LLCE Anglais à la Sorbonne, Leslie Jacob sort diplômée de l’Université de Nice Sophia Antipolis avec un Master Affaires Internationales : relations franco-italiennes, durant lequel elle étudie les systèmes de production en France et en Italie. Après un stage à la Latina Film Commission, elle intègre la Commission du Film Alpes-Maritimes Côte d’Azur pendant deux ans. En 2014, elle s’engage dans le spectacle vivant comme administratrice du théâtre Antibea, tout en travaillant ponctuellement comme régisseuse générale sur les courts métrages d’Adastra Films. Elle rejoint définitivement l’équipe début 2016 comme assistante de production. Elle devient ensuite productrice aux côtés de Sébastien Aubert. Depuis, elle a coproduit deux longs métrages : Domingo de Raúl López Echeverría et Pulse d’Aino Suni. Pendant 20 ans, Faramarz Khalaj a oeuvré comme directeur de production et producteur exécutif pour des films de long métrage de cinéma comme Hostel 2 produit par Quentin Tarantino. Il a travaillé également pour des téléfilms comme Kierkegaard – Dangerous Thoughts, Flavor of Love, etc. Il a enfin été directeur de développement pour plusieurs projets cinématographiques au sein de la société AOC Films Développement. En 2022, il a produit un long métrage de cinéma, Hyacinth, avec Denis Lavant.
Après avoir travaillé́ pendant 20 ans comme producteur exécutif sur de nombreux projets internationaux avec Raphaël Benoliel (Firstep), Matthieu Rubin décide de se consacrer à sa vraie passion : le développement de scénarios ainsi que la production de longs métrages de cinéma et de séries TV. En 2018, il crée Sazia Films pour développer et produire les projets de réalisateurs comme Stéphane Lionardo, Carlo Brandt, Clémentine Célarié et bien d’autres. Projets tournés : Pierre et Jeanne (2021), Les Déguns (2018). Projets en développement : Faux Frères.
15h30 Pause
15h45 Intervention de Frédéric Sojcher (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)
« Direction de production et production exécutive pour une coproduction franco-belgo-grecque : un cas d’école » Dans une conférence donnée au Collège de France, Pierre Bourdieu évoque la notion « d’auto-analyse ». Le chercheur en Sciences humaines ne pourrait faire abstraction de ses propres origines, de son parcours. On ne pourrait que tendre à une objectivité qu’en assumant sa propre subjectivité. Je suis à la fois cinéaste et universitaire. Le premier long métrage que j’ai tourné en 1999 en Grèce, Regarde-moi, a été une véritable descente aux enfers : l’acteur principal ayant tenté de devenir réalisateur à ma place, suivi par une partie de l’équipe. J’ai raconté de manière clinique, comme dans un journal de bord, les éléments ayant pu amener à une telle dérive dans un livre, Main basse sur le film, paru en 2002. Ma communication portera plus spécifiquement sur ce qui dans la co-production, mais aussi dans la gestion de la production, a participé à la catastrophe. Les fonctions de producteur exécutif et de directeur de production seront abordées à la lumière de ce cas d’étude. Cela sans minimiser la responsabilité du réalisateur…
Frédéric Sojcher a commencé très jeune à réaliser des courts métrages. Il tourne à l’âge de 18 ans avec Serge Gainsbourg, Fumeurs de charme. Il a depuis réalisé cinq longs métrages, fictions et documentaires : Regarde-moi (2000), Cinéastes à tout prix (2004, retenu en Sélection officielle à Cannes), Hitler à Hollywood (2010, Prix International de la critique au Festival de Karlovy Vary), Je veux être actrice (2016) et Le cours de la vie (sortie en salles prévue en mai 2023). Professeur à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a écrit et coordonné une vingtaine de livres, dont Je veux faire du cinéma, Petit traité de survie dans le septième art (préface d’Antoine de Baecque), paru en 2021.
16h15 Intervention de Kristian Feigelson (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle)
« L’enjeu des délocalisations filmiques »
Le cinéma traverse en Europe depuis plus d’une décennie des transformations de grande ampleur, au point de reconsidérer les questions de la fabrication des films et ses enjeux. Le directeur de production est au coeur de ces transformations, à la fois dans le travail en amont de recrutement de ses équipes mais aussi en aval dans la direction de post-production largement numérisée. La délocalisation des films suppose un rapport nouveau au territoire, sa numérisation induit une forme nouvelle de déterritorialisation. Comment alors mesurer le rôle du Directeur de Production dans un contexte de délocalisation accéléré de la production et post-production des films aujourd’hui ?
Kristian Feigelson, sociologue à l’IRCAV, Professeur à l’Université Sorbonne-Nouvelle, enseigne le cinéma et l’audiovisuel, a publié de nombreux ouvrages et collabore à différentes revues.
16h45 Propos conclusifs, par Bruno Cailler (Université Côte d’Azur)
Comité d’organisation
- Cyril Laverger, ESRA Côte d’Azur
- Katalin Pór, Université Paris 8 Vincennes Saint Denis / ESTCA/IUF
- Christel Taillibert, Université Côte d’Azur / LIRCES
- Ana Vinuela, Université Sorbonne Nouvelle / IRCAV