Le numéro 16 de Komodo 21, revue du RIRRA 21, sous la direction de Violaine Sauty, Oriane Deseilligny et Valérie Jeanne Perrier est en ligne. Il traite des “longs formats dans la presse”.
Présentation
Ce dossier, qui s’inscrit dans le cadre de l’ANR Numapresse, analyse les enjeux et les modalités poétiques, sémiotiques, organisationnelles et éditoriales de l’écriture d’articles de long format en régime médiatique. A partir d’observations de terrain, au sein de rédactions de presse écrite, ou de l’analyse des formes d’éditorialisation de longs formats, les articles permettent de comprendre les métamorphoses médiatiques et techniques qui concernent l’écriture journalistique. Ce dossier réunit des chercheurs en sciences de l’information et en littérature, tous spécialistes de la presse.
À rebours des injonctions médiatiques de rapidité et de concision dans un contexte d’infobésité, force est de constater que le long format se porte bien dans la presse papier comme dans les médias en ligne. Alors que les temps de lecture apparaissent maintenant systématiquement en haut des articles numériques du quotidien Le Monde, le lectorat contemporain qu’on dit pressé, peu enclin à lire long, est pourtant en recherche d’une information de qualité qui saurait prendre le temps, à la fois dans le travail d’enquête et dans l’écriture.
Du côté du journaliste, qu’implique le long format ? Assurément, ce qui ressort de ce dossier est la liberté et la créativité qu’autorisent les longs formats, qui représentent des espaces de respiration matériels et symboliques pour les journalistes qui échappent ainsi, momentanément, aux logiques de flux. Pourtant, format long ne signifie pas absence totale de formatage et de calibrage, notamment lorsque la ligne éditoriale est tout entière centrée sur la promesse d’une expérience de lecture novatrice.
Les articles de ce dossier montrent aussi que le propre du long est de circuler sous des formes multiples : les pratiques du long étant souvent à double détente, du magazine au livre, de l’article dans un quotidien au mook. La médiamorphose en est en effet une de ses propriétés essentielles, dans la mesure où un cortège de formes plus courtes en annoncent la publication (stories ou publications sur les réseaux sociaux), l’accompagnent ou le prolongent à travers d’autres médias (podcasts, vidéos, livres). Le long se donne ainsi souvent à lire en tandem, avec des formes courtes avec lesquelles il est moins question d’opposition que de complémentarité, pour créer l’attente, exposer les coulisses, documenter le geste du reportage et, in fine, favoriser l’immersion.
Pour autant le long n’accueille pas tout le matériau recueilli, il peut même élaguer, passer sous silence des semaines de travail, ou ne pas voir le jour, tout simplement, lorsque le sens n’advient pas au préalable. Mais lorsque l’enquête est forte, il donne lieu à des réécritures adaptées à chaque médium, des variations sur le même thème, invitant les professionnels à collaborer, à déployer leur créativité pour faire vivre l’enquête au long cours, par-delà ses métamorphoses médiatiques.
Ce dossier s’attache à déployer toutes ces questions, tout en s’inscrivant dans l’intérêt de la revue Komodo 21 pour les variations des supports et les mutations du journal. Il est composé d’articles issus des communications réalisées dans le cadre d’une journée d’études qui s’est tenue au Celsa en novembre 2019, et d’articles complémentaires sollicités auprès de spécialistes du journalisme. Ce numéro propose une approche croisée menée à la fois par des chercheurs en littérature et des chercheurs en sciences de l’information et de la communication.
Keywords
- Mots-clés
- Writing
- Journalism
- média
- Presse